Le Domaine de la Romanée-Conti, le Domaine des Comtes Lafon, le Domaine Leflaive, Guy Amiot, Lamy-Pillot (incluant en métayage les 5,42 ares de Claudine Petijean, plus petite propriétaire de Montrachet) et le domaine Fleurot… A eux 6, ces domaines exploitent 1,25 hectare dans le grand cru Montrachet, le “seigneur” des vins blancs de Bourgogne, qui couvre au total 7,8 hectares sur les communes de Chassagne-Montrachet et Puligny-Montrachet, en Côte de Beaune (21). Conséquence du gel sévère de la fin avril, ils ne produiront en 2016 que… deux petites pièces de 228 litres au total, 600 bouteilles, alors qu’ils auraient pu en espérer 10 à 15 fois plus.
Difficile de vinifier dans de bonnes conditions d’aussi petites quantités, alors pour des raisons pratiques facilement compréhensibles, les 6 ont donc décidé d’unir leurs maigres récoltes de Montrachet sous une même bannière, le temps d’un millésime. Les raisins ont été achetés au franc symbolique à chaque domaine par l’activité de négoce du domaine Leflaive, qui va vinifier et élever les vins avant de revendre les 600 bouteilles aux 6 domaines, au prorata des poids de raisins apportés par chacun, et toujours pour le franc symbolique.
Peut-on rêver de pouvoir acheter un jour sous un nom commun, ou sous le nom de chaque domaine, la “cuvée des 6” de Montrachet 2016 ? Rêver aussi de goûter un Montrachet dans lequel auront été assemblés les raisins provenant des vignes de quelques-uns des plus grands domaines de Bourgogne ? Pas sûr ! “Les vins seront probablement impossibles à trouver et donc à acheter”, assure Brice de la Morandière, le gérant du domaine Leflaive, avec l’effet garanti d’un climatiseur en plein pic de canicule.
Arrêtons donc immédiatement de rêver et tout simplement parce que la législation douanière et fiscales, dans les détails de laquelle nous préférons vraiment ne pas rentrer (rappelons que nous sommes en France…), ne permet pas, a priori, dans le cas de figure de vendanges mises en commun, de revendre les vins tout court. Sauf dérogation de l’administration, les domaines pourront toujours partager leurs bouteilles avec des clients, des amis,
des parents, des journalistes… mais pas les vendre.
Une belle histoire à la conclusion un peu triste…
Christophe Tupinier
20 novembre 2024
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