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publié le 21 mars 2018

Beaujolais : 2023, la fin des produits chimiques à Lantignié !

 

Nous n’en sommes pas tombé de notre chaise en apprenant la nouvelle, mais peu s’en faut… Dans le numéro d’octobre 2017 de Beaujolais Aujourd’hui, nous avions consacré un dossier (lire article ci-dessous) au village de Lantignié, dans le Beaujolais, ou un groupe de vignerons dynamiques a créé en mai 2017 l’association “Vignerons et Terroirs de Lantignié” ; son but, pour résumer, est d’amener tous les producteurs du village à travailler collectivement à une véritable montée en gamme de leurs vins, rouges pour l’essentiel (pour l’heure classés en beaujolais-villages), avec, peut-être, au bout de la ligne droite la naissance d’un nouveau cru du Beaujolais.Le dossier avance tellement vite que l’association, présidée par Frédéric Berne, vient de sortir un règlement intérieur sans ambiguïté. Le point à notre sens le plus fort de la démarche est de réussir, à court terme, le pari de la transition écologique en interdisant purement et simplement l’utilisation de tous les produits chimiques de synthèse, pour la production de vins au sein de la démarche associative !!! Cela va se faire en 3 étapes et sur 5 ans. Dans un premier temps, les engrais chimiques vont être bannis des coteaux du village dès le 31 mars de cette année, puis viendra le tour des produits phytosanitaires de synthèse (hors désherbants) au 1er janvier 2020 et enfin des désherbants chimiques au 1er janvier 2023… Il est prévu qu’à compter de 2019, une marque collective de certification soit mise en place. Chaque point du règlement intérieur, dont l’interdiction des produits chimiques, pourra faire l’objet de contrôles par l’organisme certificateur. Parmi les autres points de ce règlement, citons une limitation des rendements à 50 hl/ha en rouge et 64 en blanc. Le règlement encourage les membres de l’association à ne pas utiliser de levures exogènes (commerciales…), à limiter les macérations pré-fermentaire à chaud ou encore à ne pas mettre les vins en marché avant le 15 mars suivant la récolte. Précisons enfin que le règlement a été validé par les 30 vignerons pour l’heure membres de l’association.
Voilà nous semble-t-il un dossier de fond, essentiel au plan environnemental, bien sûr, mais aussi en image et en communication, structurant pour Lantignié et l’ensemble du Beaujolais, dont on devrait entendre beaucoup parler…
Christophe Tupinier

 

Article paru dans le numéro 19 de Beaujolais Aujourd’hui. Lantignié veut grandir

Depuis toujours, quelques communes se détachent du lot dans l’univers des beaujolais-villages et Lantignié en fait partie. Les vignerons du village sont aujourd’hui très mobilisés pour faire « grandir » leur vignoble et cette démarche illustre parfaitement la volonté actuelle et majoritaire chez
les producteurs du Beaujolais de s’en sortir « par le haut ».
Lantignié ! Le nom ce village niché entre Beaujeu et Régnié-Durette est sans doute connu des amateurs très pointus, mais beaucoup moins du grand public. Pourtant, quelques indices nous amènent à penser que les choses pourraient changer dans un avenir proche. Dans un univers
économique encore compliqué pour l’appellation Beaujolais-Villages où les prix de vente en vrac n’ont guère dépassé les 160 €
à l’hectolitre en 2016, où des vignes continuent de s’arracher ici et là, beaucoup ont fait le constat des difficultés à vivre du métier de vigneron en Beaujolais-Villages et compris que le choix était simple : continuer dans la seule direction des ventes en vrac au négoce et stagner, pour
ne pas dire mourir à petit feu ou s’engager dans la voie plus ambitieuse d’une viticulture de terroir et de la commercialisation des vins en bouteilles à la propriété.
Jeunes et moins jeunes, les vignerons de Lantignié sont manifestement ultra-motivés (le mot n’est pas trop fort…) comme en atteste la création en mai dernier de l’association « Vignerons et Terroirs de Lantignié », présidée par Frédéric Berne. Il se murmure même, mais ne dites surtout rien à personne, qu’ils caresseraient l’idée de construire patiemment un dossier pour demander un jour le classement de leur vignoble en cru (en rouge, couleur ultra-dominante, mais aussi en blanc), à l’image du voisin Régnié. Un cru ! Diable, mais on n’obtient pas un cru par un simple coup de baguette magique. La notoriété et l’histoire, ancienne et récente, comptent beaucoup aux yeux de l’INAO. Voyons donc un peu ce qu’il en est.

Le village a une tradition viticole très ancienne comme en atteste la donation en 994 d’une vigne du frère de Imbert 1er, Sire de Beaujeu, à l’abbaye de Cluny, ou encore les archives familiales du Château du Basty, propriété de la même famille depuis le 24 novembre 1482, jour où Barthélémy Varenard acquiert « un tènement planté en vignes, sis sur la commune de Lantignié au lieu-dit le Billy… » Au XVIIème siècle, la carte des Cassini fait état de l’existence de la commune de Lantignié et de plusieurs de ses lieux-dits actuels : Le Verger, La Salle, Les Monthieux, Appagnié. On retrouve d’ailleurs ces deux derniers classés en 3ème catégorie dans « La carte des vignobles des côtes Beaujolaise, Mâconnaise et Chalonnaise », rééditée en 1874 ; en 3ème catégorie (sur une échelle
de 5), on trouve aussi Les Ravatys en Brouilly, La Ronce à Régnié ou encore Corcelette à Morgon. Il semble donc clair que la qualité viticole de la commune de Lantignié est reconnue depuis longtemps.

L’histoire plus récente apporte également des enseignements sous la forme des résultats d’un concours : le Trophée Diriet créé en 1954. Après une présélection communale, chaque village envoyait son champion se confronter aux champions des autres villages ; entre 1954 et 2003, le trophée a été remporté à dix reprises par Régnié-Durette, la seconde marche du podium étant occupée par Lantignié avec huit
trophées. Notons que dans le guide d’achat des 2016 publié dans ce numéro de Beaujolais Aujourd’hui, les vins produits sur Lantignié représentent à eux seuls 15 à 20 % du total des beaujolais-villages sélectionnés. Il semble donc évident que Lantignié n’est pas une commune tout à fait comme les trente-sept autres où il se produit également du beaujolais-villages.

Là où le bât blesse un peu plus, c’est sur la notoriété récente ; les vignerons ayant peu utilisé ces dernières années la possibilité que leur laisse la réglementation de mentionner Beaujolais-Lantignié sur les étiquettes. Mais, les choses devraient changer rapidement puisqu’entre 2015 et 2016, les déclarations de récolte en Beaujolais-Lantignié sont passées de 400 à… 2 400 hectolitres (de trois à vingt et un opérateurs). « Beaujolais-Lantignié » va donc probablement fleurir sur les étiquettes ces prochaines années. Il restera alors aux vignerons à bichonner encore plus leurs vignes, à aller plus loin dans leurs vinifications, à « raffiner » leurs élevages, à mettre en valeurs leurs climats, pour prouver que leurs vins sont meilleurs et méritent d’être vendus plus chers que les autres ; bref à raconter cette « belle histoire » des terroirs qui a fait la fortune d’autres régions et dont le Beaujolais entend manifestement reprendre le cours.

 

Repères

Lantignié (69), une des 38 communes de l’AOC Beaujolais-Villages.
Superficie : 320 hectares en production (potentiel d’environ 350 hectares), dont 30 en chardonnay.
Une trentaine de vignerons.
60 % de terroirs granitiques, 30 % de pierres bleues et 10 % « autres ».

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