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publié le 04 mars 2016

“Dr. Conti” avait des vignes en Bourgogne !

 

Le magazine américain le Wine Spectator vient de faire des révélations pour le moins surprenantes sur les rapports étroits qu’entretenait Rudy Kurniawan, faussaire en grands vins aujourd’hui emprisonné (lire articles ci-joints), avec les Bourguignons et notamment Etienne de Montille, vigneron renommé dont le domaine familial est basé à Volnay (21).Tout commence en 2006, avec le rachat pour 22 millions de dollars des 42,5 acres (17 hectares environ, dont une majorité de premiers et grands crus de Côte-d’Or) du domaine Thomas-Moillard (Nuits-Saint-Georges – 21) par Etienne de Montille et le domaine Dujac (Morey-Saint-Denis – 21) ; les deux domaines vont se partager les vignes et financer l’opération en allant chercher quelques investisseurs, par ailleurs amateurs et collectionneurs de vins de Bourgogne.
La même année, Paul Wasserman, qui exploitait un magasin de vente et de stockage de vin à Los Angeles financé par Kurniawan, présente son partenaire à Etienne de Montille qui, comme beaucoup d’autres, tombe sous le charme du beau parleur. Au point de le faire entrer (avec 5 autres personnes) à hauteur de 22,73% (250 actions) dans l’entité “Etienne and Partners”, créée pour racheter le domaine Thomas-Moillard. Confisquées par le gouvernement des Etats-Unis en Juillet 2014, les actions de Rudy Kurniawan ont été revendus il y a deux mois à la famille de Montille pour 726 000 dollars environ après des négociations menées avec le département américain de la justice ; notons au passage que 726 000 dollars, c’est 1,5% de plus environ que la facture payée par R. Kurniawan et ce n’est donc pas une mauvaise affaire quand on sait que le prix du foncier viticole a explosé en Bourgogne au cours des 10 dernières années et tout particulièrement dans les grands terroirs de Côte-d’Or.
Interrogé par le Wine Spectator, Etienne de Montille n’a éludé aucune question. “Nous étions en 2006 et Rudy Kurniawan était la personne en vue avec laquelle il fallait être et avec laquelle vous aviez envie de partager une bouteille (…). Il était généreux, c’était un dégustateur de talent (sic…) et il faisait partie du cercle fermé des grands collectionneurs”. Deux ans plus tard, en 2008, les premières rumeurs commençaient à circuler sur Rudy Kurniawan, alias “Dr. Conti” (il avait de bons goûts) et E. de Montille d’expliquer que quand il avait fait part de ses doutes à son associé en 2011, ce dernier lui avait répondu, les yeux dans les yeux : “it’s all bullshit” (ce ne sont que des ragots !) ,ajoutant : “Quand vous venez de nulle part et vous constituez une grande cave comme je l’ai fait, les gens sont jaloux de vous”. E. De Montille accorda donc le bénéfice du doute à son associé avant de tomber des nues le 8 mars 2012, jour de l’arrestation de Rudy Kurniawan par les agents du FBI. “Quand j’ai vu les photos de fausses étiquettes, de faux bouchons, de bouteilles vides (…) je me suis senti trahi”, a expliqué Etienne de Montille à Peter Hellman, notre confrère du Wine Spectator.”Il n’est de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir”, vont probablement prétendre quelques mauvaises langues. Loin de nous l’intention de montrer du doigt un vigneron par ailleurs très dynamique, entrepreneur* et investi dans les affaires de sa région comme il le fut très récemment en présidant le Groupement d’étude et de suivi des terroirs (GEST). Et puis, entre nous, dans l’histoire du monde, les beaux parleurs en ont roulés des plus coriaces. En revanche, il nous revient en tête l’interview que Laurent Ponsot (Domaine Ponsot), vigneron à Morey-Saint-Denis (21) et qui est à l’origine de l’affaire Kurniawan, nous avait accordé dans le numéro 110 de Bourgogne Aujourd’hui. Comme beaucoup de “stars” du vignoble bourguignon, L. Ponsot avait cru un temps que le fait que ses bouteilles se vendent aux enchères des milliers d’euros à de grands collectionneurs participait à la gloire de son domaine, avant de réaliser que tout cela n’était que de la “gloriole”, un miroir aux alouettes et que la vérité du vin était ailleurs. A méditer…Christophe Tupinier
* En 2012, Etienne de Montille a également acheté avec sa soeur Alix et des
investisseurs privés les 20 hectares de vignes du Château de
Puligny-Montrachet (21) pour la somme de 18 millions d’euros. L’ensemble Domaine de Montille, Château de Puligny-Montrachet,
s’étend sur un peu plus de 35 ha de vignes, dont 20 en premiers et
grands crus de Côte-d’Or.

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