Accueil Actualités Pouilly-Fuissé : Frédéric Burrier prudent face à l’arrivée d’investisseurs extérieurs !

publié le 22 octobre 2014

Pouilly-Fuissé : Frédéric Burrier prudent face à l’arrivée d’investisseurs extérieurs !

 

Notre article récent consacré à l’arrivée du domaine Leflaive et de Dominique Lafon, deux “stars” des vins blancs de la côte de Beaune en appellation pouilly-fuissé (vignoble du Mâconnais – 71) ne laisse par les vignerons du cru et leur président, Frédéric-Marc Burrier, insensibles. Le rachat en 2008 du domaine Ferret, domaine emblématique du pouilly-fuissé, par la maison beaunoise Louis Jadot, avait déjà beaucoup fait parler dans le secteur. Frédéric-Marc Burrier donne son sentiment sur cette arrivée d’investisseurs extérieurs, avec une parfaite franchise…
Monsieur Burrier, comment l’arrivée de ces vignerons et négociants de Côte-d’Or est-elle perçue par les vignerons du pouilly-fuissé ?
Soyons honnête, c’est un sentiment mitigé qui domine et qui n’a rien à voir avec la personnalité des gens qui investissent. D’un côté, ce sont de grands professionnels et nous sommes flattés de les voir arriver. C’est une forme de reconnaissance venant de grands noms de Côte-d’Or et cela nous conforte pleinement dans les choix qualitatifs qui ont été fait depuis 20 ans. D’un autre côté, ce n’est pas très bien vécu parce que beaucoup de vignerons par ici ont une part importante de vignes en fermage (location) ou en métayage (partage de la production avec le propriétaire) et ils cherchent justement à changer de statut pour devenir eux-mêmes propriétaires. Ils craignent que l’arrivée de gens de l’extérieur, avec des moyens financiers importants, limite la possibilité pour eux d’acquérir des vignes et fasse monter les prix du foncier viticole.
C’est pour vous un risque réel ?
Ecoutez, c’est quand même en grande partie pour le prix du foncier* que des entreprises de Côte-d’Or investissent ici. A 200 000 euros l’hectare de pouilly-fuissé et en vendant la bouteille 15 à 25 euros, il est encore possible de rentabiliser son investissement ce qui devient difficile dans les grands terroirs de Côte-d’Or. Nous sommes des terriens, soucieux de la rentabilité de notre outil de travail : la terre. Et puis une augmentation trop importante des prix causerait des problèmes de succession. Nous n’en voulons pas.

Le cru pouilly-fuissé est engagé depuis plusieurs années dans un dossier de premiers crus**. Ces investisseurs ne vont-ils pas avoir un impact bénéfique au plan médiatique ?
Bien sûr, c’est évident. Encore une fois, c’est une forme de reconnaissance et c’est bon pour l’image du pouilly-fuissé. Ceci étant, entre les futurs premiers crus et ces investissements extérieurs, tous les éléments sont en place pour que les prix du foncier augmentent. Nous sommes conscients qu’une hausse des prix des vignes est sans doute inévitable, mais elle doit rester limitée et se faire progressivement, à long terme et certainement pas dans la logique de spéculation à court terme qui s’est emparée des grands terroirs de Côte-d’Or.Propos recueillis par Christophe Tupinier

* Le prix moyen aujourd’hui d’un hectare de pouilly-fuissé est de 200 000 euros, contre au minimum 5 fois plus en appellations villages meursault, puligny-montrachet ou chassagne-montrachet.
** Les crus du Mâconnais pouilly-loché, pouilly-vinzelles et saint-véran sont engagés dans des démarches similaires.

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