Le dossier du numéro 169 de Bourgogne Aujourd’hui en cours de vente est consacré à la tonnellerie bourguignonne qui, à l’image des vins de la région, se porte comme un charme tout en exportant son savoir-faire et ses fûts. Retrouvez ci-dessous trois tonneliers qui pour des raisons diverses sont des cas à part.
Vous trouverez également dans le dossier un état des lieux de la tonnellerie bourguignonne et une présentation détaillée de tous les “cadors” de la profession.
Tonnellerie François Frères
Le numéro 1
Effectifs : 54 salariés sur le site historique de Saint-Romain – 1 500 pour TFF Group.
Nombre de fûts produits chaque année : 30 000 pour la Tonnellerie François Frères – 800 000 pour TFF Group.
Commercialisation François Frères : 80 % à l’export et 20 % en France.
Leader mondial, le Groupe TFF regroupe aujourd’hui vingt-sept maisons, à commencer par la Tonnellerie François Frères, installée à Saint-Romain, siège historique. « C’est ici que tout a commencé », rappelle Max Gigandet, directeur général, « avec Joseph François, qui en complément de son activité, répare des tonneaux. Ses enfants, Robert et Henri, poursuivent l’activité et développent la fabrication de fûts, qui à l’époque, avant d’être un outil d’élevage, servaient au transport des vins ». En 1959, Jean François rejoint l’entreprise familiale et son arrivée signe le développement à l’échelle nationale, passant notamment par l’achat de forêts. Le début de la croissance externe est marqué par la reprise d’une entreprise bordelaise en 1989, par Jérôme François, représentant de la quatrième génération et président du directoire de TFF Group, qui depuis n’a cessé de s’étendre sur les cinq continents.
« Nous sommes présents dans une cinquantaine de pays en étant à proximité de nos clients », se félicite Jean François, 80 ans, un retraité impliqué qui quelques jours avant notre rencontre, bataillait encore aux enchères pour acheter 400 chênes. « On travaille depuis la forêt jusqu’à la vente de nos produits finis. Près de 80 % de la commercialisation se fait à l’export, mais en France, nous sommes très bien implantés en Bourgogne, où nous travaillons avec des domaines prestigieux. L’achat de fûts s’est développé grâce à eux avec le succès de la vente en bouteilles. Le style de nos fûts a évolué avec nos clients, avec un boisé qui ne doit pas être dominant, mais qui doit au contraire mettre en avant le fruit et apporter de la finesse ».
21190 Saint-Romain – Tél. 03 80 21 23 33
Tonnellerie Louis Latour
L’exception
Effectifs : 5 salariés.
Nombre de fûts produits chaque année : 3 000.
Commercialisation : 1 tiers Maison Louis Latour et 2 tiers export.
Maison historique de la rue des Tonneliers à Beaune, Louis Latour est aujourd’hui la seule à posséder sa tonnellerie, installée sur le site de production du Clos Chameroy. Dès 1731, le métier de tonnelier est déjà exercé par la famille. « En France, seuls les vins produits par la Maison Louis Latour, en Bourgogne, en Ardèche et dans le Var, sont élevés dans nos fûts », explique Stanislas de Warren, directeur de production. « De la même façon, tous les fûts présents dans nos caves proviennent exclusivement de notre tonnellerie. On ne produit qu’un seul type de fûts, des 228 litres, avec une seule chauffe, légère à médium. Nous sommes attachés à ce caractère exclusif et à cette activité complémentaire de la maison ».
Cinq personnes travaillent à l’année à la tonnellerie. « Nous n’avons pas de volonté de grandir. Les salariés travaillent sur beaucoup de postes de l’atelier, avec une maîtrise totale de la préparation du bois jusqu’au gravage des fûts. C’est un métier noble et dur à la fois. Nous travaillons avec quatre mérandiers locaux avec qui nous entretenons des relations de confiance ». Les fûts produits par la Tonnellerie Latour sont en partie destinés à l’export, sur deux marchés : les États-Unis et l’Australie.
21200 Beaune – Tél. 03 80 25 06 10
La Fabrique Éric Millard
L’artisan
Effectifs : 2 salariés.
Nombre de fûts produits chaque année : 1 500.
Commercialisation : 70 % à l’export et 30 % en France.
Ébéniste de formation, Éric Millard revendique prendre le temps nécessaire pour réaliser un fût. « J’ai découvert le métier de tonnelier en formation continue. J’ai débuté chez Jean François, qui m’a donné goût à cette profession. Je suis ensuite arrivé à la Tonnellerie Latour, où j’ai découvert le vin, qui est finalement devenu une passion. J’ai eu envie de m’installer, pour développer notamment des chauffes qui me sont propres et c’est comme ça que la Fabrique Éric Millard a débuté en août 2018. Nous produisons aujourd’hui 1 500 fûts, avec l’objectif de doubler dans les années à venir. La viticulture a évolué et le monde de la tonnellerie doit suivre le mouvement. L’écoute de nos clients est essentielle pour bien comprendre leurs vins dont l’identité passe aussi par le fût ».
Éric Millard, dont la fille, Manon, travaille à ses côtés, exporte 70 % de sa production dans de nombreux pays et commercialise les 30 % restants en France, en Bourgogne, mais aussi dans les vignobles des Côtes du Rhône, de la Loire ou du Bordelais.
« Pour moi, le vin doit être bon dès la fin de l’élevage. Le bois est une matière vivante, avec une approche minérale différente en fonction de l’année, de la forêt. J’essaie au maximum de garder son énergie. Je privilégie les bois du Centre de la France et des plaines de la Loire. Nous fabriquons différents formats, mais c’est la pièce bourguignonne qui domine, avec 70 % de la production ».
21190 Meursault – Tél. 03 80 20 64 22
25 avril 2024
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