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publié le 09 mai 2022

Beaujolais : de “tête de Turc” à “chouchou” ?

Oingt, un village de la région des Pierres Dorées, où l’on travaille à la naissance d’une AOC Beaujolais Pierres Dorées.

 

Le numéro 164 de Bourgogne Aujourd’hui comporte un cahier Beaujolais Aujourd’hui, largement dédié aux AOC régionales de la région : Beaujolais et Beaujolais-Villages. Frappées de plein fouet par 20 ans de crise, ces deux appellations retrouvent la faveur des consommateurs, des distributeurs et travaillent activement à la “montée en gamme” de leurs vins ; c’est notamment le cas dans la région des Pierres Dorées et dans certains villages comme Lantignié, où l’on cache de moins en moins son ambition de devenir un jour le 11ème cru du Beaujolais.

Retrouvez ci-dessous l’intégralité de l’article d’ouverture du cahier Beaujolais. Il vous reste à découvrir dans le magazine le dossier “montée en gamme”, ainsi qu’un guide d’achat de plus de 160 Beaujolais, Beaujolais-Villages, rouges, blancs et rosés, disponibles à la vente au domaine à partir de 7 € la bouteille.

 

 

« Nous voulons accrocher le wagon des beaujolais et beaujolais-villages à la locomotive des crus. Toute notre démarche consiste à encourager une montée en gamme de nos vins d’appellations régionales. Avant l’apparition du Beaujolais Nouveau, les vins du Beaujolais étaient des vins de garde et ils se buvaient toute l’année. Nous voulons simplement revenir aux bases de notre région, de notre histoire », expliquait en septembre 2014, dans les pages de Beaujolais Aujourd’hui n° 13, Frédéric Laveur, alors président de l’ODG des Beaujolais et Beaujolais-Villages. La problématique de la « montée en gamme » des vins du Beaujolais n’est donc pas nouvelle.

Si les crus (dernier cahier Beaujolais Aujourd’hui – octobre 2021) ont une évidente carte à jouer et une vraie légitimité à aller vers des dossiers de demande de premiers crus, qu’en est-il pour les appellations régionales, pour lesquelles, soyons honnêtes, la situation a peu évolué depuis 2014 ? Les vignes ont continué de s’arracher par milliers d’hectares, des centaines d’hectares ont été replantés ou restructurés mais souvent pour faire du… crémant de bourgogne (1 211 hectares très exactement en 2021, soit 63 % du volume total des crémants) et les cours du vrac n’ont repris des couleurs que très récemment, sur le millésime 2021 et en grande partie en raison d’une récolte réduite par le gel. Les nuages ne manquent donc pas dans le ciel des AOC régionales, avec en outre un problème qui va rapidement se poser dans beaucoup de domaines : la succession ; avec les difficultés économiques des deux dernières décennies, beaucoup de jeunes ont en effet cherché et/ou ont été encouragés par leurs parents à chercher une autre voie que celle de la reprise du domaine familial.

 

Rapport qualité-prix imbattable

 

Arrêtons un peu de voir le verre à moitié vide, pour passer au verre à moitié plein. La première bonne nouvelle, c’est le regain d’intérêt spectaculaire des marchés et notamment à l’exportation pour les régionales et notamment les beaujolais-villages ; avec les excellents millésimes 2018, 2019 et 2020, les marchés ont redécouvert ces appellations au rapport qualité-prix imbattable et beaucoup de vignerons manquent de vins aujourd’hui. Si des questions se posent au sujet des successions, le vignoble a vu arriver ces dernières années beaucoup d’investisseurs, bourguignons notamment, dans les crus essentiellement pour le moment mais on peut raisonnablement penser que les régionales seront bientôt dans la même dynamique. D’autre part, des jeunes, fils de vignerons ou pas, mais tous et toutes très motivés, formés, qui se lancent dans la mise en bouteilles en mettant en valeur leurs terroirs, conscients que le vent est sans doute en train de tourner dans le bon sens pour le Beaujolais, s’installent, initiant une véritable révolution qui est à notre sens un aspect essentiel de la montée en gamme : le passage à une viticulture plus respectueuse de l’environnement.

 

1 900 hectares en bio

 

Le Beaujolais qui était à la traîne il y a seulement cinq ans est aujourd’hui engagé dans la même dynamique « verte » que la Bourgogne. Au 30 juin 2021, 1 900 hectares (sur 13 147 au total) étaient cultivés en bio (45 % certifiés et 55 % en cours de conversion). La progression se poursuit en 2022 et en extrapolant les chiffres globaux de l’agence bio, on pourrait approcher les 350 exploitations et les 2 200 hectares en bio au 30 juin 2022, soit près de 17 % de la superficie globale du vignoble ; le Beaujolais se retrouve désormais dans la moyenne haute du bio en viticulture en France. Bref, après avoir été la « tête de turc préférée » de beaucoup de nos confrères et d’une génération de consommateurs, particulièrement en France, pendant des années, le Beaujolais est-il en passe de devenir le « chouchou » ? Les cinq prochaines années seront cruciales pour voir de quel côté penchera la balance, mais tout est possible, y compris le meilleur.

 

Texte : Christophe Tupinier

Photographies : Thierry Gaudillère

 

 

Repères

Stabilité en 2021

Après des années de baisses régulières des surfaces plantées, les chiffres se sont stabilisés en 2021, avec seulement une perte de 22 hectares par rapport à 2020.

10 crus : 5 677 hectares (100 % vins rouges).

Beaujolais-Villages : 3 238 hectares (94 % de vins rouges).

Beaujolais : 4 232 hectares (87 % de vins rouges).

Total AOC du Beaujolais : 13 147 hectares (94,2 % de vins rouges, 3,5 % de blancs, 2,3 % de rosés).

 

 

 

 

 

Retrouvez l’actualité de la dernière édition du Mois des Climats en Mai 2019 :

Et voilà la 4ème édition du “mois des climats” !

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