Mâconnais : les premiers crus (toujours) à la une !

Le plateau des Gollardes en appellation Savigny-les-Beaune village.

Le numéro 169 de Bourgogne Aujourd’hui actuellement en vente sur notre site et chez les marchands de journaux comporte trois guides d’achat (crus du Mâconnais, Savigny-les-Beaune et Chorey-les-Beaune, Bourgogne aligoté) où chacun trouvera son bonheur en fonction de ses goûts et de son budget, à partir de 7 euros la bouteille. Retrouvez ci-dessous l’article consacré aux crus du Mâconnais où l’on continue de beaucoup parler des premiers crus…

Abonnez-vous dès aujourd’hui pour recevoir début avril 2023 notre numéro 170.  

« Il me semble que le cru Pouilly-Fuissé a monté en gamme avec l’arrivée des premiers crus. Le cahier des charges ambitieux a fait monter la qualité des premiers crus et par effet domino des villages également », estime Aurélie Cheveau, la jeune et dynamique présidente du cru. Il est un peu tôt pour tirer un vrai bilan qui n’interviendra à notre avis qu’après cinq millésimes au moins, mais les premiers chiffres tendent à lui donner raison. Dans toutes nos dégustations de pouilly-fuissé organisées dans l’année et demie écoulée, sur des vins en cours d’élevage (2020 et 2021) et dans ce numéro 169 sur les 2020 en bouteilles, on peut noter deux choses : les premiers crus ont obtenu de meilleurs pourcentages de réussite que les villages et l’appellation tourne autour d’un bon 70 % de réussite globale, alors que si l’on se replonge dans les guides d’achats publiés dans Bourgogne Aujourd’hui il y a dix ans et plus, ces pourcentages étaient inférieurs d’au moins 10 points à ce qu’ils sont aujourd’hui. Le dossier premiers crus, lancé officiellement en mars 2010, semble donc bien, comme l’explique Aurélie Cheveau, avoir déclenché une dynamique qui a commencé de se faire sentir dès le milieu des années 2010 et qui monte manifestement en puissance depuis l’arrivée officielle des vingt-deux pouilly-fuissé premiers crus sur le millésime 2020. L’autre effet positif du classement est la « flambée » des conversions en bio depuis 2020-2021 et il faut y voir l’effet direct du nouveau cahier des charges des premiers crus qui interdit le désherbage chimique. « Celui qui a investi dans des charrues pour labourer ses premiers crus, le fait aussi sur le reste de son vignoble ; et nous avons même vu revenir des chevaux dans les coteaux », s’enthousiasme Aurélie Cheveau.

Interdiction de la machine à vendanger

Si à Pouilly-Fuissé l’heure est donc à un premier « bilan », dans les « petites » (voir repères ci-dessous) appellations voisines de Pouilly-Vinzelles et Pouilly-Loché, on se prépare à leur arrivée pour le millésime 2024. Les deux AOC avaient réalisé une étude de sols commune dès 2006 et déposé un dossier de demande de premiers crus le 26 mars 2010, le même jour que Pouilly-Fuissé. Une fois le dossier Pouilly-Fuissé finalisé, celui des deux autres pouillys a donc été relancé vers la fin 2021 et il semble être dans sa phase finale avec quatre premiers crus à la clef : un en Pouilly-Loché, Les Mûres sur neuf hectares de potentiel et trois sur Pouilly-Vinzelles, Les Quarts pour environ treize hectares, Les Longeays pour un peu moins de huit hectares (climat situé dans la continuité de la partie du climat Pouilly-Fuissé Clos Reyssié classée en premier cru) et trois hectares dans Les Pétaux. Des discussions sont en cours avec l’INAO et de nouvelles fosses vont être creusées début 2023 dans Les Mûres et Les Pétaux, mais le train est donc sur les rails et le terminus tout proche ; le cahier des charges des futurs Pouilly-Loché et Pouilly-Vinzelles est inspiré de celui de Pouilly-Fuissé, avec notamment la même interdiction du désherbage par produits chimiques ou autres et, en « bonus », de la machine à vendanger.

Quant à Saint-Véran, l’Union des Producteurs du Cru Saint-Véran a également lancé en 2010 une démarche auprès de l’INAO en vue de l’obtention d’une classification en premiers crus de certains climats. Le cru a concentré ses efforts sur l’organisation de la Saint-Vincent Tournante en 2018, soufflé les cinquante bougies de l’appellation née en 1971, et le dossier a été relancé dans la foulée. En juin 2021, la méthodologie appliquée pour conduire l’instruction du projet de reconnaissance de premiers crus a été validée par l’INAO, et Saint-Véran en est aujourd’hui à la phase de recueil et de classification des données fournies par les producteurs. Les prochaines étapes du dossier consisteront en l’analyse de la recevabilité des climats pouvant prétendre aux premiers crus et en un travail de délimitation pour chaque climat retenu. La période estimée jusqu’à l’obtention de premiers crus serait d’environ cinq ans.

Texte : Christophe Tupinier

Photographies : Thierry Gaudillère

Repères

Pouilly-Fuissé : 780 hectares, sur quatre communes (Chaintré, Fuissé, Solutré-Pouilly et Vergisson) – 22 premiers crus à compter du millésime 2020.

Pouilly-Loché : 32 hectares.

Pouilly-Vinzelles : 42,5 hectares.

Saint-Véran : 730 hectares sur 7 communes (Chânes, Chasselas, Davayé, Leynes, Prissé, Saint-Vérand et Solutré-Pouilly).

Viré-Clessé : 450 hectares sur 4 communes (Viré, Clessé, Laizé et Montbellet).