Dans le premier numéro de Bourgogne Aujourd’hui paru en décembre 1994, la présence des femmes se résume à une photo prise à l’occasion de la Vente des Vins des Hospices de Beaune. Dans le numéro 50, daté de février 2003, elles sont huit à faire partie du jury d’une quarantaine de dégustateurs et sont présentes parmi les domaines mis en avant. Il s’agit précisément de Martine Barraud, Nathalie Saumaize et Armelle Rion, qui prennent la pose aux côtés de leurs maris. En juin 2011, pour le numéro 100, une brève évoque les dix ans de l’association Femmes et Vins de Bourgogne et l’on retrouve une dizaine de femmes au fil des pages de ce spécial millésime…
Nadine Gublin, œnologue bien connue et respectée en Bourgogne, fait partie des pionnières. Originaire de l’Aube, elle est tombée dans la marmite du vin par hasard. « Après un bac scientifique, j’ai entamé une prépa Maths Sup à Reims. Voyant que je n’irais pas forcément au bout, le directeur m’a convoqué et orienté vers des études d’œnologie, dont c’était à l’époque les balbutiements. Michel Feuillat arrivait alors à l’Institut Universitaire de la Vigne et du Vin à Dijon et j’ai décidé de suivre en 1977 la formation pour le Diplôme National d’Œnologue. Nous étions cinq étudiantes dans une promotion d’une trentaine de personnes ».
Aujourd’hui, la donne a bien changé comme l’explique Marielle Adrian, la directrice de l’IUVV. « L’effectif s’est féminisé au cours du temps, avec des proportions filles-garçons globalement équilibrées et qui peuvent encore varier d’une année à l’autre dans certains diplômes ». En 2016 par exemple, les deux tiers des effectifs de la première année de DNO étaient féminins et pour moitié en 2018. En licence Sciences de la Vigne, les étudiants masculins restent majoritaires tandis que pour le master 2 Vigne, Vin, Terroir, les effectifs s’équilibrent.
Une évolution en douceur
Diplômée en 1979, Nadine Gublin a fait ses armes dans un laboratoire du Mâconnais pendant trois ans. « C’était une excellente école, formatrice, avec tous les cas de figure possible et de nombreux contrats dans le Beaujolais et le Mâconnais ». En 1982, elle rejoint la Maison Antonin Rodet à Mercurey qui cherchait un deuxième œnologue, passe par le Château de Rully, avant de s’installer en 1989 à Meursault, chez Jacques Prieur, où elle assurera en 1990 sa première vinification. Trente ans plus tard, elle y joue toujours le rôle d’œnologue-conseil, ainsi que pour les deux autres domaines du propriétaire, la famille Labruyère, dans le Beaujolais et en Champagne. Depuis 2009, Nadine Gublin accompagne par ailleurs les Domaines Veuve Ambal. « Quand j’ai débuté, les femmes étaient peu nombreuses dans les métiers du vin. Dans les domaines familiaux, elles travaillaient aux côtés de leurs maris. L’évolution s’est faite en douceur. J’aurais pu avoir une pression en tant que femme, mais j’ai immédiatement aimé mon métier et su me rendre disponible. La suite s’est faite naturellement. Je ne pourrais pas dire si le fait d’être une femme est un avantage ou un inconvénient. Ce que je sais, c’est qu’il s’agit d’un métier où il faut être curieux, à l’écoute et observer. La transmission est très importante pour moi, c’est pourquoi j’ai l’habitude de prendre régulièrement des stagiaires. Je réponds favorablement à celui qui m’écrit en premier, et il est vrai que les jeunes femmes sont de plus en plus nombreuses, certaines étant vraiment brillantes. Le Nouveau Monde a ouvert la voie dans ce sens, dans les années 1990-1995. En Australie, en Californie, en Afrique du Sud, les femmes étaient déjà bien présentes et cela a ouvert les yeux à l’Ancien Monde, qui a suivi le mouvement un peu avant les années 2000 ». (…)
Elisabeth Ponavoy
Il vous reste la moitié de l’article sur la “féminisation du métier” à lire dans le numéro 149 de Bourgogne Aujourd’hui.
Ce numéro comprend également une interview d’Aubert de Villaine, cogérant du Domaine de la Romanée-Conti, un dossier complet sur ces 25 dernières années qui ont changé beaucoup de choses en Bourgogne, des guides d’achats des vins de Beaune et de Morey-Saint-Denis, ainsi qu’un supplément sur le Beaujolais et un “encart” sur 25 ans de millésimes (1994-2018) en Bourgogne et dans le Beaujolais.
14 mars 2024
05 mars 2024
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Bourgogne Aujourd’hui n°172