Le sujet peut sembler ardu… Il faudrait probablement un livre pour le traiter, mais il touche au respect de l’environnement, aux traitements dans les vignes et il nous concerne tous ; et puis quel amateur de vins n’a jamais entendu un vigneron parler des problèmes qu’il rencontre certaines années humides avec le mildiou. Très schématiquement, à ce jour, le soufre et le cuivre sont les “produits” de base autorisés et utilisés en agriculture biologique pour lutter contre des maladies cryptogamiques (champignons) de la vigne très “actives” : oïdium et mildiou. Le cuivre est particulièrement montré du doigt par certains qui l’accusent d’être au moins aussi toxique que les produits chimiques de synthèse et de stériliser les sols viticoles. Pour les vignerons bio, c’est là un coup monté par le lobby des fabricants de produits chimiques qui souhaiterait faire interdire en Europe le cuivre et au final les contraindre à revenir à des produits chimiques de synthèse.
Jean-Philippe Bret, du domaine bio La Soufrandière, à Vinzelles, dans le Mâconnais (71), précise sa pensée sur cette question : “Le cuivre est certes une préoccupation. Mais intéressons nous à la
composition de toutes les préparations utilisées en NON agriculture
biologique. Elles regorgent de molécules très dangereuses (bien plus
préoccupantes que le Cu) sans compter tous les adjuvants dont on ne
parle jamais. On trouvera ainsi dans certains pesticides chimiques, de l’Arsenic, des composés benzéniques… tous classés CMR
(cancérigène, mutagène et reprotoxique). Aujourd’hui, la réglementation nous impose de ne pas dépasser 6 kg/hectare/an
Cu métal pour le logo AB, 3 kg/ha/an Cu Métal pour Demeter. Chez nous, à la
Soufrandière, nous utilisons en moyenne 1,4 kg/ha/an de Cu métal. Avant
l’arrivée des pesticides de synthèse, le Cu était utilisé jusqu’à 30
kg/ha/an, c’est à dire qu’une année de viticulture des années 70
« consommait » 20 années chez nous ! Pour
autant, nous continuons nos essais à base de plantes notamment, mais pas
seulement, pour diminuer encore davantage le Cu utilisé en BIO”.
On comprend bien que le cuivre est important pour les producteurs Bio, car efficace et difficile pour le moment à remplacer ; mais dans ce domaine, l’important, cela semble donc être la dose utilisée. Lydia et Claude Bourguignon, deux scientifiques Bourguignons que l’on ne présente plus, viennent de donner une interview passionnante à la Revue du Vin de France, dans laquelle il font le point sur cette question de la toxicité, réelle ou pas, du cuivre. Morceaux choisis…
La RVF : Le cuivre occupe l’actualité. Les vignerons antibio pointent du doigt sa toxicité sur les sols. Qu’en est-il réellement ?Claude Bourguignon : C’est un discours véhiculé par les fabricants de pesticides. Lorsque les vignerons répandaient 10 à 15 kg de cuivre par hectare sur leurs vignes (par an), dont 90% partaient dans la terre, effectivement les sols devenaient stériles. Aujourd’hui, avec un pulvérisateur moderne, on met aux alentours de trois kilos de cuivre par an, et le produit est essentiellement pulvérisé sur les feuilles, pas sur le sol. A ce niveau, les micro-organismes dans le sol le consomment totalement. Cela change tout.
Lydia Bourguignon : J’entends souvent dire que le cuivre est un métal lourd. Ce n’est pas vrai. Un métal lourd comme le plomb, l’arsenic, ou le mercure, ne peut pas être assimilé par l’organisme, par une plante ou des animaux. Le cuivre en revanche, est indispensable aux organismes vivants. Au début de notre carrière, nous retrouvions des taux de concentration extrêmement élevés et là, le cuivre était toxique. Mais si vous faites un labour profond en retournant le sol, vous éliminez toute vie microbienne dans le sol. C’est pire que le cuivre !La RVF : Nous avons l’impression que ce discours ambiant contre le cuivre vous touche particulièrement ?L. B. : Pas moi en particulier, mais on sait bien que ce discours provient de l’industrie pour discréditer le cuivre et donc attaquer les producteurs bio.
C. B. : D’autant qu’on sait à présent, grâce aux travaux de l’Université des Geisenheim, en Rheingau, que les levures qui font le vin entrent par les racines. Cela permet de comprendre que les vignerons travaillant avec des produits systémiques tuent les levures. Ils doivent donc ajouter des levures industrielles pour lancer la fermentation du vin. La première chose que l’on observe chez les vignerons qui passent en bio, c’est la facilité avec laquelle les fermentations démarrent. Pourquoi ? Parce que les levures reprennent leur place. Les produits systémiques sont beaucoup plus graves que le cuivre aujourd’hui. Ils détruisent les bactéries et les mycorhizes présentes dans le sol, autour des racines (…).
Voilà une vision des choses… Toute contribution accessible au “grand public” (Bourgogne Aujourd’hui n’est pas un magazine technique ou scientifique, mais destiné aux consommateurs) au débat sera la bienvenue.
Christophe Tupinier
15 mai 2023
03 mai 2023
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