La Bourgogne et le Beaujolais sont donc en train d’essuyer leur deuxième vague de chaleur de l’été, ce qui soit dit en passant n’a plus grand chose d’exceptionnel par les temps qui courent. On ne peut en effet pas dire que les étés 2015, 2017 et 2018 aient été particulièrement frais et arrosés (les 40 degrés à l’ombre avaient même été atteints en juillet 2015 dans le Beaujolais) et 2019 confirme donc pour le moment cette tendance très “hot”. La ministre de la santé n’est donc pas obligée de se déplacer dans la région pour prodiguer ses conseils… Le travail dans les vignes se fait au ralenti avec des horaires adaptés pour les hommes (du lever du jour à 12 h-13 h), mais qu’en est-il de la vigne qui elle n’a pas d’autre choix que de rester en place toute la journée sans pouvoir se protéger ? Risque-t-on de voir des vignes intégralement brûlées par le soleil et la chaleur comme on a pu l’observer dans le sud de la France il y a quelques semaines ; précisons qu’il ne s’agissait heureusement que de dégâts localisés (liés à un traitement fait au mauvais moment comme certains ont pu le suggérer ?), ce même si le traitement médiatique a été spectaculaire. Les températures avaient dépassé les 45 degrés à l’ombre dans le Gard et l’Hérault, alors qu’elle ne devraient “que” frôler les 40 aujourd’hui dans la “Grande Bourgogne”. Ceci étant, les cépages du sud de la France (carignan, grenache, syrah…) sont logiquement plus “adaptés à ces chaleurs que le gamay du Beaujolais et encore plus que le pinot noir de Bourgogne ; pour ce qui est du chardonnay, il s’adapte bien aux régions très chaudes des USA ou d’Australie par exemple. Le risque de “brûlures” n’est donc pas exclu, mais ce que l’on pourrait surtout observer, c’est de l’échaudage et/ou de la grillure.L’échaudage se traduit par le dessèchement complet de rameaux, voire d’un pied de vigne probablement affaibli, mais cela ne dépasse généralement pas quelques “individus” dans une parcelle. Quant à la grillure, il s’agit tout simplement de baies grillées, desséchées par le soleil ; les raisins étant particulièrement sensibles dans la période actuelle où ils gonflent avant d’entamer prochainement le processus de véraison (les baies passent du vert au bleu-noir), donc de maturation finale du raisin. La grillure peut être relativement importante ; on a déjà vu dans un passé récent 5 à 10% de baies grillées dans une vigne et ces grains secs sont toujours compliqués à écarter avant les vinifications. Dans tous les cas, les dégâts réels ne seront vraiment connus que dans quelques jours.On peut également se demander si avec de telles chaleurs, le cycle végétatif s’en trouve accéléré ? Pas forcément et à plus forte raison quand la chaleur est couplée avec la sécheresse comme c’est le cas depuis plusieurs semaines en Bourgogne. Dans le passé des millésime très chauds, ensoleillés et secs, on songe immédiatement à 1976, ont donné des vins moyens, tout simplement parce que la vigne s’était bloquée, ne permettant pas aux raisins d’atteindre les niveaux de maturité suffisants pour donner des grands vins. La vigne n’a pas besoin de beaucoup d’eau, mais quand même… Rappelons enfin que les vendanges ne sont pas attendues avant le 10-20 septembre et d’ici là de l’eau va couler sous les ponts. Enfin, on peut l’espérer…
Christophe Tupinier
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