Accueil Actualités Bientôt les vendanges, mais en ordre dispersé !

publié le 13 août 2020

Bientôt les vendanges, mais en ordre dispersé !

 

Les vendanges sont sur le point de débuter en Bourgogne et nous vous recommandons d’emblée de jeter un oeil à votre calendrier ; nous ne sommes bien que le 13 août et ces vendanges 2020 feront partie des plus précoces dans la longue histoire viticole de la Bourgogne ! Hiver doux, quasiment sans gelées, débourrement précoce, printemps clément, été très chaud, avec quelques périodes caniculaires, tous les éléments se sont conjugués pour arriver à ce résultat. Ceci étant dit, si les maturités ont continué de progresser ces derniers jours et parfois à vitesse grand V et si les premiers coups de sécateurs vont donc bientôt être donnés en vins tranquilles (c’est déjà fait pour les crémants), un mini-sondage effectué ces deux derniers jours chez une trentaine de vignerons nous a permis de constater que tout le monde n’était pas logé à la même enseigne ; floraison, sécheresse, chaleur ont en effet débouché sur un vignoble où les niveaux de maturité peuvent être extraordinairement disparates dans une même parcelle, d’un pied à l’autre et bien sûr d’un cépage à un autre. Mais laissons donc la parole aux principaux intéressés.Dans l’Yonne, au nord de la Bourgogne, la pluie était attendue et elle est tombée en quantités plutôt conséquentes (pour l’année), sous formes d’orages, sur le Chablisien, ces derniers jours : 30 à 40 mm, qui vont “débloquer” des raisins de chardonnay qui avaient tendance à sécher sur pied. A Chichée, Didier Picq, ne prévoyait pas de débuter avant le dernier week-end d’août (29-30), “mais avec la pluie, cela risque d’avancer”, explique-t-il. A Chablis, Benoît Droin prévoyait lui de commencer vers le 24 août et il attend également de voire la conséquence des intempéries sur l’équilibre sucre-acidité des raisins pour avancer, ou pas, de quelques jours la date des vendanges. A quelques kilomètres de là, à Irancy, Thierry Richoux attend toujours la pluie et il fait le constat, que l’on retrouve un peu partout en pinot noir et gamay, de vignes qui ne sont pas si “pressées” que cela. “La véraison a traîné pendant des semaines et il n’y a pas longtemps que les raisins sont noirs. Nous allons récolter nos raisins pour les crémants de Bourgogne la semaine prochaine, les rosés la semaine suivante et les rouges sur les deux premières semaines de septembre, pas avant”. La maturité bloquée par la sécheresseEn côte de Nuits, si Bernard Bouvier, à Gevrey-Chambertin, est affirmatif, “le 25 août”, c’est moins le cas pour ses collègues. A Morey-Saint-Denis, Jérôme Castagnier ne semble vraiment pas inquiet et il ne prévoit pas de débuter avant le 2 septembre. A Nuits-Saint-Georges, Grégory Gouges est sur le même timing, avec un bémol : “Initialement, je prévoyais de débuter début septembre, mais avec les résultats des prélèvements d’hier, certaines parcelles mériteraient d’être coupées dans les prochains jours”. Pierre Boillot (domaine Lucien Boillot) exploite des vignes en Côte de Nuits (Gevrey essentiellement et Nuits) et Côte de Beaune (Volnay, Pommard et Puligny) : “Début des vendanges certainement le 27 ou le 29 août. La sécheresse bloque un peu la progression des maturités”. Quand à son neveu Clément Boillot (domaine Louis Boillot), il exploite des vignes en côte de Beaune, côte de Nuits et dans le Beaujolais (en moulin-à-vent essentiellement) : “On va commencer le 19 sur la côte de Beaune et dans le Beaujolais pour les parcelles les plus précoces, continuer sur Chambolle-Musigny et Gevrey-Chambertin avant de finir par le Beaujolais qui est en retard cette année”. Quand à François Labet, vigneron en Côte de Nuits (Château de la Tour, en Clos-de-Vougeot) et à Beaune, il semble très serein : “Je commence les prélèvements à partir du 17 août et cela donnera une première indication. Pour le moment, je n’ai aucune idée de la date de début des vendanges”.En chardonnay, 2020 s’annonce comme un nouvel épisode de la série : “faut-il vendanger tôt ou tard ?”, avec logiquement les même protagonistes. A Meursault, Arnaud Ente prévoit de débuter les vendanges dès le 17 août, c’est à dire lundi prochain, alors qu’à Meursault toujours, Patrick Essa (domaine Buisson-Charles) n’a pour le moment pas prévu de vendanger avant le… 2 septembre. “C’est une date qui correspond à une évolution normale de nos vignes qui à cette date (hier) n’ont pas toutes achevées la véraison. Nous pensons que 25-28 jours après véraison sont nécessaires pour achever la vraie maturité physiologique des raisins (…) qui serons donc mûrs avec des degrés de 13,7 à 14,5 avec ce temps”. Ce qui emmène donc le domaine à début septembre. Entre A. Ente et Buisson-Charles, il y a l’école “intermédiaire”, illustrée par Vincent Latour qui prévoit de vendanger vers le 27 août, voire un peu plus tôt. Un Mâconnais plus homogèneIl a plu un peu au nord et au sud, mais encore moins au milieu, c’est à dire en Côte Chalonnaise, où le domaine Joblot (Givry), qui n’aime pourtant pas vendanger tard, ne débutera sans doute pas avant le 24 août. A Mercurey, François Raquillet conditionne donc la date des vendanges à… la pluie qui va tomber ou pas dans les prochains jours : “Sur les cailloux, les raisins sont en train de flétrir, sans avoir encore beaucoup de goût. S’il pleut, c’est prévu le 22 août, sinon, il faudra commencer de vendanger plus tôt, dès le 18 ou 19”. A quelques kilomètres au nord, à Rully, Hélène Jaeger-Defaix table sur le 25 ou 26 août, avec des dates susceptibles d’évoluer en fonction là aussi de la météo. Hélène exploite également avec son mari Didier des vignes à Chablis (domaine Bernard Defaix), où la pluie de ces derniers jours et la chaleur pourraient également avancer de quelques jours des vendanges prévues initialement début septembre. Au sud de la Bourgogne, le sud du Mâconnais a eu la chance d’avoir un peu d’eau (15 à 30 mm environ) il y a quelques semaines et il semblerait que le discours soit plus homogène, puisque tant chez Nicolas Cheveau, Bastien Guerrin (Guerrin et Fils), que William Trouillet, vignerons dans les Pouillys et en Saint-Véran, un début de vendanges est programmé entre le 24 et le 28 août. Chez Saumaize-Michelin, à Vergisson, Vivien Saumaize est plus hésitant : “Nous pensons commencer les vendanges entre le 22 et le 25. Les dernières petites pluies font beaucoup de bien mais elles peuvent accélérer la maturité. A suivre…”. A Verzé, dans la zone des mâcon, Nicolas Maillet pourrait commencer un peu plus tôt, vers le 21-22 août… ou le 24-25 en fonction des prélèvements à venir et de la météo !Pas de précipitation dans le BeaujolaisFinissons par le Beaujolais, où le manque d’eau est également un problème, tout particulièrement sur ces terroirs granitiques très filtrants. Malgré une météo quasi-idéale, la vigne avance doucement. Il ne faut pas perdre de vue que le Beaujolais continue de produire chaque année autour de 180 000 hl de Beaujolais nouveaux ; sur ces vins, les vignerons recherchent souvent des degrés moins élevés, ce qui explique que l’on devrait voir des équipes dans les vignes dès la semaine prochaine, mais pour ce qui est des vins de garde, en crus, Beaujolais ou Beaujolais-Villages, il faudra attendre encore un peu. Frédéric Berne, à Lantignié, prévoit de commencer “autour du 31 août”, Fabien Chasselay ne coupera pas ses côtes de brouilly (pourtant dans des lieux-dits précoces) avant le 25 août et au Château Thivin (Brouilly et Cote de Brouilly), en dehors de quelques parcelles “urgentes” coupées vers le 19-20, le gros du travail ne commencera pas avant le 24 août. Au domaine Louis-Claude Desvignes, à Villié-Morgon, Louis-Benoît attend un peu d’eau et prévoit un début de vendanges vers le 25 août. “On sait que dans des millésimes comme 2020, des degrés élevés seront nécessaires pour avoir des maturités phénoliques abouties ; pour autant il faut avoir la gamme du domaine à l’esprit, avec des vins à boire vite et d’autres qui seront à garder, songer au début des vendanges et à leur fin. Un peu d’eau et des températures plus basses seraient donc bienvenus ces prochains jours et même ces prochaines semaines, pour vendanger sereinement, garder des raisins juteux, équilibrés, avoir de la richesse sans basculer dans des extrêmes”. Le mot de la fin ira à Jean-Luc Longère, vigneron au Pérréon, en Beaujolais-Villages ; il coupera dès la semaine prochaine quelques parcelles précoces de gamay noir, et ne reprendra ensuite que fin août, début septembre en n’excluant pas de passer deux fois dans les mêmes parcelles. “Il y a tellement d’hétérogénéité entre les pieds que je ne vois pas comment faire autrement”. Le train des vendanges 2020 est sur les rails ! Les raisins sont superbes, sains ; tous les espoirs de grand millésime sont donc permis, en espérant maintenant qu’après la trêve des températures annoncée pour les prochains jours, la météo ne prennent pas un nouveau coup de chaud fin août, début septembre, comme c’est arrivé récemment en 2015, 2017 et 2018…
Christophe Tupinier

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