Vendanges 2023, incertitude sur le vignoble !

C’est une réalité en 2023. Dans beaucoup de vignes, les rendements n’ont pas été maîtrisés (comme ici en grand cru Clos de Vougeot chez un producteur pourtant “star” de la Côte de Nuits) et ce type de pied ne produira jamais en 2023 des raisins mûrs.

Une grappe de chardonnay qui commence de dorer en Meursault Perrières.

Raisins bien avancés en maturité en Beaune premier cru Cent Vignes.

Nous préférerions vous montrer la photo de vignes sous un soleil étincelant, ce qui était encore le cas hier matin, mais voilà… 2023 semble réserver à la “grande Bourgogne”, et elle n’est d’ailleurs pas la seule, l’un de ces retournements de situation météorologique dont elle a le secret avec l’arrivée de conditions automnales fraîches et humides. Ajoutons qu’entre périodes de sécheresse, de pluies souvent orageuses (comme autour du 15 août), de fraîcheur, de canicule (près de 40° à l’ombre dans le Mâconnais et le Beaujolais ces derniers jours, 35-37 à Beaune, 32-33 dans l’Yonne), le millésime 2023 s’est particulièrement distingué à la rubrique “dérèglement climatique”.

Les prévisions météo des prochains 10 jours ne sont en effet pas très encourageantes et même si les prévisions n’engagent que celles et ceux qui les croient, le doute est permis et il est même bien installé dans la tête des Bourguignons. La situation à ce jour est en effet assez “claire”. La récolte abondante, voire très abondante est au rendez-vous ; on voit bien dans les vignes que des efforts ont été fait pour la réguler, particulièrement en pinot noir, mais pas partout, loin s’en faut et il va maintenant falloir que tout cela mûrisse ce qui n’est pas gagné.

172 g/l en chardonnay et 187 en pinot noir

Les prélèvements de maturité effectués deux fois par semaines (le dernier hier) au niveau régional par l’interprofession (BIVB) mettent en évidence une progression importante ces derniers jours sous l’effet de la chaleur pour arriver à une moyenne de 172 grammes/litre de sucre (il faut compter 16,83 grammes pour faire un degré potentiel) en chardonnay et 187 en pinot noir. Mais ce sont des moyennes avec d’énormes écarts entre les régions, les parcelles et les rendements. Là où la récolte est “raisonnable” la maturité oscille, d’après les données transmises par des vignerons, entre 11,5 et 12,5 degrés naturels, mais dans les vignes les plus plus chargées, il faut compter deux à trois degrés de moins et on se demande comment l’histoire va se terminer pour ces dernières…

En sachant, comme nous l’ont expliqué plusieurs vignerons, techniciens et œnologues ces derniers jours, que ce que l’on peut constater aujourd’hui dans les analyses ne sera plus vrai dans 3 ou 4 jours, quand l’effet des pluies et des orages qui peuvent diluer les sucres, mais aussi faire pourrir, ou même “tourner” des raisins (en chardonnay) se sera fait sentir.

Compromis en vue

Quant aux vendanges, que dire ? Quelques-uns, toujours les mêmes, ont déjà commencé de couper des chardonnays sur la Côte de Beaune, mais le gros de la troupe est aujourd’hui plongé dans une profonde incertitude. Rendez-vous en milieu de semaine prochaine pour en savoir (un peu), mais il semble déjà presque évident qu’entre degrés potentiels, niveaux d’acidité, état sanitaire et conditions météo, des compromis vont devoir être faits pour déterminer les dates optimales de vendange.