“Au moins, nous allons faire du vin”. Ces quelques mots lachés par un oenologue-conseil au cours d’une rencontre, il y a quelques jours, dans les rues de Beaune en disent long sur les sentiments qui prédominent en Bourgogne alors que les derniers raisins du millésime 2013 viennent à peine d’être coupés. Les Bourguignons sont donc d’abord soulagés d’avoir “fait du vin”, ce qui n’était pas si évident que cela à la mi-juin. Après un printemps historiquement calamiteux, la vigne avait en effet pris beaucoup de retard ; les vendanges étaient annoncées à la fin du mois de septembre et on revenait donc à un cycle végétatif classique des années 50, 60, 70 avec un débourrement tardif, des vendanges en octobre et tout l’aléatoire que cela représente ; les “douloureux” millésimes 1963, 68, 75 ou 77 sont là pour en témoigner. En 2013, la Bourgogne a eu l’immense chance d’avoir les plus beaux mois de juillet et août depuis 2003 et un mois de septembre très correct. Sans cela… L’autre constat de 2013 est manifestement, pour la quatrième année consécutive, la faiblesse de la récolte en volume et pas seulement dans les zones touchées par la grêle en Côte de Beaune.La Bourgogne va donc “faire du vin” en 2013, mais quel type de vin ? On peut déjà parler d’un niveau qualitatif très, très hétérogène même si dans ce domaine il convient d’être d’une grande prudence ; l’hétérogénéité est chaque année une réalité, mais elle le sera encore plus en 2013. Dans toutes les régions en effet et pour tous les cépages, les maturités sont globalement restées modestes avec une fourchette moyenne large de 11 à 12,5 degrés chez les bons vignerons et des maturités phénoliques (la maturité de peau si essentielle en rouge) inachevées presque partout. Fallait-il vendanger tôt ou tard ? Impossible de répondre à cette question. Jamais en effet, pendant ces trois semaines de vendanges (du 25 septembre au 10-12 octobre environ) la météo n’a véritablement laissé de long répis aux vignerons, avec au contraire de fréquents épisodes pluvieux. Les maturités n’ont donc pas réellement pu progresser et si les acidités ont en revanche légèrement baissé (en raison notamment de la dillution par les pluies), les vignerons ont du composer avec la pourriture grise qui gagnait du terrain au fil des jours. Pas simple et un tri sévère de la vendange était donc partout indispensable en pinot noir, c’est une évidence, et parfois aussi en chardonnay. Un autre facteur aura été essentiel en 2013 : la qualité du matériel végétal. “Les petits raisins de pinot noir, mais aussi de chardonnay ont bien tenu et atteint de bons niveaux de maturité, alors que les gros raisins issus de mauvaises sélections clonales ou massales n’ont jamais mûri tout en pourissant”, nous confiait un vigneron de la Côte de Beaune. Globalement les chardonnays ont été vendangés avant les pinots noirs. Les premiers vignerons ont commencé vers le 25 septembre, en Côte de Beaune, Côte Chalonnaise et Mâconnais, avec l’objectif de préserver un potentiel de récolte “correct”, mais aussi des raisins sains et frais. Les derniers ont fini de couper leurs raisins il y a quelques jours seulement, en Côte de Nuits notamment, avec donc l’objectif déçu de récolter des raisins plus mûrs. A quel type de vin peut-on donc s’attendre en 2013 ? En vins blancs, 12 degrés naturels, une acidité élevée (qui va forcément baisser après les fermentations malolactiques) et 18 mois d’élevage sur lies peuvent donner de bons résultats et on sait que le chardonnay tire toujours, ou presque, son épingle du jeu et ce même dans les millésimes difficiles. Notre première dégustations il y a quelques jours de cuvées “sèches” (fermentations alcooliques terminées) aux Hospices de Beaune a révèlé un écart important entre le sommet du panier (meursault Genevrières Philippe le Bon et meursault Charmes Grivault notamment), des vins denses, sérieux, à travailler en élevage, et les cuvées moins côtées. En vins rouges, pour Roland Masse, régisseur des Hospices de Beaune, 2013 lui rappelle 2001. “Dans les deux millésimes, nous avons des maturités moyennes, mais une bonne matière. Les meilleurs 2001 sont excellents aujourd’hui, dans un style dense, droit qui se patine avec le temps”. Excellents en effet chez les vignerons d’élite, mais beaucoup de vins n’ont jamais brillé et sont déjà de l’histoire ancienne. Soyons donc honnête, 2013 ne sera pas un grand millésime, mais certainement pas une catastrophe non plus comme on l’entend dire parfois. On peut même déjà annoncer l’un de ces millésimes “intermédiaires” -comme 2008, 2007, 2006, 2004, 2001, 2000, 1998, 1997…- dans lesquels on trouve le meilleur comme le pire. Christophe Tupinier
15 septembre 2023
11 septembre 2023
Actualités
En bref 4
dossier
Cité des Climats et des Vins de Beaune
Plongez au coeur des Climats
et des Vins de Bourgogne 6
Guide d'achat / dégustations
Dossier
spécial millésime 2022
Proche des sommets 19
Yonne 27
Côte de Nuits 34
Côte de Beaune 53
Côte Chalonnaise 87
Mâconnais 94
Gastronomie
Bonnes adresses 99
La Côte Saint-Jacques
succession en douceur
et dans la bonne humeur 100
Au fil des pages 104
Bourgogne Aujourd’hui n°172
Rencontre
Xavier THUIZAT
La simplicité au service
de l'excellence
Guide d'achat / dégustations
Crus de la Côte chalonnaise
Le bal des contraires
Bouzeron
Les premiers crus dans le viseur
Guide d'achat
Nuits-Saint-Georges, Vosne-Romanée
Match serré
guide d'achat
Dossier
Cités des Climats et Vins de Bourgogne
Mâcon et Chablis se dévoilent
Gastronomie
Stéphane Derbord
le poulet dans tous ses états
Cahier Jura
Bourgogne Aujourd’hui n°171
Rencontre
Jean-Marie Guffens
L’amour du vin !
Guides d’achat
Pommard • Fixin • Marsannay
Côte de Nuits-Villages
2020 et 2021, le pinot noir joue
les caméléons
Millésime 2013
Entre ombre et lumière
Dossier
Réchauffement climatique
Porte-greffes, cépages, culture…
La solution est à la vigne !
Gastronomie-chef
Le Fil du Zinc (Chablis)
Dans la cour des grands
Cahier Beaujolais
Bourgogne Aujourd’hui n°170
Rencontre
Yannick Alléno
La viticulture pour source d’inspiration
Guides d’achat
Crus du Mâconnais • Bourgogne aligoté
Chorey-les-Beaune • Savigny-les-Beaune
Tous les goûts et toutes les couleurs !
Domaines coup de cœur
Saumaize-Michelin
En douceur
Tendance
Spiritueux bourguignons
Le renouveau
Guide d’achat
DOssier
Tonnellerie
Un savoir-faire bourguignon qui s’exporte
Gastronomie
En cuisine, avec Stéphane
Le paleron, le boeuf convivial
Bonnes Adresses
Bourgogne Aujourd’hui n°169