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publié le 09 septembre 2015

Beaujolais : 2015, millésime de rêve !

 

Nous avons lu récemment sur internet que 2015 était un “millésime atypique” ! Voila qui nous semble d’autant plus curieux que depuis toujours, le Beaujolais et la Bourgogne ne connaissent que des millésimes atypiques : tantôt chauds, tantôt froids, tantôt entre les deux. Il y a quelques temps de cela, Roger Dubrion, historien, avait décrypté dans les pages de Bourgogne Aujourd’hui, le climat de la “Grande Bourgogne”, comme faussement tempéré, car en fait composé en permanence d’une alternance de périodes “extrêmes” dans la chaleur, le froid, la sécheresse ou l’humidité, pour arriver à une moyenne qui n’en est pas vraiment une. Voila pour l’histoire ancienne. La plus récente est marquée, depuis schématiquement une trentaine d’années, par un réchauffement du climat, qui semble même s’accélérer depuis le début des années 2000 ; depuis 2003 en effet, à 5 reprises (2003, 2005, 2007, 2011 et donc 2015) les vendanges ont commencé en août dans le Beaujolais, phénomène rare au cours des siècles précédents.Ce préambule pour expliquer que 2015 n’est pas “atypique”, mais simplement “chaud” et l’on peut déjà parler d’un très grand millésime dans le Beaujolais, parce que nous ne voyions pas très bien comment il pourrait en être autrement. Il faudra bien sûr confirmer tout cela par la dégustation, mais il y a des signes qui ne trompent pas. Grappes de gamay mûres à parfois très mûres (sucres, peaux, rafles et pépins) tout en restant globalement “fraîches”, états sanitaires juste parfaits, meilleurs encore qu’en 2009, 2011 et 2005, autres grands millésimes récents, vendanges engagées dès le 24 août sous la canicule dans les secteurs précoces et conclues vers le 11-12 septembre, toujours par temps sec mais plus frais, avec en prime la mine décontractée et sereine des vignerons pendant les vendanges ce qui est loin d’être toujours le cas… Que demander de plus ?
30% de perte de récolte

Les deux seuls bémols concerneraient les volumes, faibles à très faibles, qui devraient osciller autour des 30 à 40 hl/ha en moyenne sur le Beaujolais et des degrés alcooliques parfois excessifs. “Il manque 30% de récolte et nous ne pourrons pas augmenter nos prix de 30% pour compenser”, tempère Robert Perroud, vigneron à Odenas, en AOC brouilly et côte-de-brouilly. Dans la situation économique difficile que traverse le Beaujolais c’est en effet un bémol de taille, mais ne faut-il pas mieux avoir 35 ou 40 hl/ha de grands vins à vendre que 55 hl de vins communs ? Pour ce qui est des degrés, les compteurs semblent en effet s’être affolés par endroits entre le 27 et le 31 août, 5 jours pendant lesquels le thermomètre a atteint les 35 degrés à l’ombre. “Sur la fin, les degrés ont monté de 4 dixièmes par jour. C’est incroyable. Alors, il fallait être prudent en cuverie pour gérer des vendanges à plus de 14 degrés naturels, avec de faibles acidités et qui rentraient à plus de 30 degrés. Ceci étant, les couleurs sont intenses, les vins riches, c’est un plaisir de vinifier de tels raisins. Cela va également nous donner beaucoup d’arguments pour parler du renouveau du Beaujolais”, poursuit Robert Perroud.A quelques kilomètres plus au nord, à Morgon, Laurent Gauthier arbore un sourire radieux. “C’est mon 32ème millésime et je n’avais jusqu’alors jamais vendangé des raisins de cette qualité”. Laurent Gauthier est d’autant plus souriant, que dans son morgon Côte de Py (il exploite 5,8 hectares dans le climat depuis cette année) aux sols bien “fondés”, avec une cinquantaine de centimètres de terre avant d’arriver à la roche granitique, les raisins ont mieux résisté à la canicule. “Nous allons produire 45 hl/ha environ en moyenne et les degrés étaient élevés, 13 à 13.5, mais sans excès. Les peaux sont épaisses, la couleur et les tannins sortent bien. Je vais
sans doute juste laisser macérer un peu moins longtemps, autour de 12
jours au lieu de 14 d’habitude et à des températures un peu plus basses
pour garder de l’équilibre dans la richesse”. Il semblerait d’ailleurs, impression confirmé il y a quelques jours par Dominique Piron (Morgon), Mathieu Mélinand (Domaine des Marrans – Fleurie) et Gilles Gelin (Domaine des Nugues – Lancié) qu’un peu partout les sols plus “profonds” comme ceux de la Côte de Py, mais aussi des secteurs plus bas en beaujolais-villages aient bien résisté à la chaleur.

Prudence en cuverie

En viticulture bio, Paul-Henri Thillardon (AOC chénas pour l’essentiel) laboure toutes ses vignes dont les racines sont donc implantées profondément et il fait néanmoins le même constat : les vignes plantées sur la roche ont produit 20 à 25 hl/ha, alors que sur des sols plus profonds, les 40 hl ont été atteints. Paul-Henri a vendangé à partir du 28 août et les degrés n’ont pas dépassé les 13,5, avec en même temps de bonnes acidités. Pour autant, prudence en cuverie “Nous vinifions à des températures plus basses pour garder du fruit et éviter d’avoir des vins qui ressemblent à des grenaches du sud de la Vallée du Rhône”.
Dans les secteurs plus tardifs du Perréon et de Vaux-en-Beaujolais (AOC beaujolais-villages), Jean-Luc Longère est sans doute être parmi les derniers à vendanger et il en aura terminé ce jeudi avec ses chardonnays. Son excellente cuvée de beaujolais-villages rouge Les Roches coupée dimanche dernier titrait plus de 13,5 degrés naturels, avec un rendement faible proche de 30 hl/ha. Tout aussi mûrs, ses chardonnays auront été un peu plus généreux avec 45 à 50 hl/ha et de jolis jus dorés, pulpeux et frais. Bref, secteurs tardifs ou précoces, crus ou AOC régionales, c’est donc un vrai grand millésime qui s’annonce dans le Beaujolais.

Christophe Tupinier

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