Emmanuel Giboulot, vigneron bio à Beaune, est passé hier, 6 novembre, devant la cour d’appel de Dijon. A la base de cette affaire (lire articles ci-joints) qui a fait grand bruit dans la presse et sur la toile il y a la décision, revendiquée haut et fort par l’intéressé de ne pas traiter ses vignes en 2013 contre la maladie de la flavescence dorée, ou pour être plus précis de ne pas traiter contre un insecte, la cicadelle, vecteur de la maladie de la flavescence dorée. Emmanuel Giboulot estimait en effet et estime toujours les traitements chimiques détruisent les équilibres naturels et que la maladie ne menaçait alors pas directement son vignoble ni celui de ses voisins. A ce jour, les prélèvements effectués sur Beaune donnent d’ailleurs “raison” au vigneron, puisqu’ils se sont tous révélés
négatifs. A noter quand même que quelques pieds isolés ont en revanche été trouvés tout
près, à Pommard et Volnay notamment. En prenant cette décision, Emmanuel Giboulot n’avait pas respecté l’arrêté préfectoral du 7 juin 2013 et en première instance, il avait écopé d’une amende relativement “clémente” : 1 000 euros dont 500 avec sursis, alors que la peine pouvait aller jusqu’à 30 000 euros et six mois de prison. Le vigneron avait toutefois décidé d’aller jusqu’au bout et de faire appel. L’audience du 6 novembre aura finalement été très technique reposant sur la légalité de l’arrêté préfectoral.
Face à l’imminence de l’audience, la polémique a de nouveau enflé ces derniers jours et notamment dans les pages du Journal de Saône et Loire (JSL). Emmanuel Guillot, dont le domaine (Guillot-Broux – à Cruzille dans le Mâconnais) a abandonné la chimie depuis 1954 a soutenu son “ami” tout en expliquant qu’il n’avait pas hésité une seconde à traiter ses 13 hectares de vignes au Pyrevert, insecticide homologué en bio, mais également très nocif. Il est vrai aussi que le village de Cruzille se trouve au coeur de la zone la plus touchée de Bourgogne. “Quand on est à 800 mètres d’un foyer, on ne se pose pas la question. Si on ne veut pas être condamné à arracher, on traite”, à expliqué Emmanuel Guillot dans les pages du JSL. Jean-Michel Aubinel, président de la Confédération des associations viticoles de Bourgogne (CAVB) a pour sa part continué de justifier la position officielle de la profession : “On parle d’une maladie qui représente un risque considérable (…) Contre la flavescence dorée, on ne connait à ce jour aucune autre solution (que le traitement)”, ce qui est partie vrai dans la mesure ou de nombreuses techniques alternatives à la chimie sont pour l’heure à l’étude en mode expérimental. Et Jean-Michel Aubinel de poursuivre tout aussi clairement : “Quand on est atteint d’un cancer soit on fait confiance à sa bonne étoile, soit on se résout à la chimio, malgré les dégâts collatéraux”. M. Aubinel a de plus estimé qu’Emmanuel Giboulot : “avait fait du mal à la profession. Cette affaire a réveillé une méfiance vis-à-vis des viticulteurs”.
Il nous semble au contraire que cette affaire à fait beaucoup de bien à tout le monde en ouvrant le débat, en permettant de renouer le dialogue entre les différentes composantes du monde viticole bourguignon, en évitant une catastrophe médiatique (des articles dans la presse et notamment dans le New-York Times ont pu faire craindre le pire pour l’image de la région) et en débouchant au final sur un plan de lutte mieux adapté en 2014 qu’en 2013. En 2013, dans la panique, 3 traitement insecticides avaient en effet été imposés partout en Saône et Loire et un en Côte d’Or. En 2014, les traitements ont été plus ciblés en fonction des secteurs et de cela, tout le monde ne peut que se réjouir…Christophe Tupinier
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