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publié le 03 mai 2013

Flavescence dorée, l’heure a sonné

 

Les mines étaient graves le 2 mai dernier dans l’amphithéâtre du lycée viticole de Beaune. Les vignerons ont entendus les scientifiques et techniciens faire le point sur l’avancée de la maladie de la Flavescence dorée en Bourgogne. Ils ont entendu et bien compris que les arrêtés préfectoraux, déjà pris en Saône et Loire le 25 octobre 2012 et en préparation pour la Côte-d’Or, vont leur imposer ces traitements obligatoires aux insecticides qu’ils cherchent depuis des années à éradiquer de leurs pratiques viticoles. Les « bio » étaient nombreux dans l’amphithéâtre et les yeux rougis de certains traduisaient un mélange de détresse et de colère.Sans rentrer dans les détails techniques de la maladie, la flavescence dorée se traduit par le jaunissement de la vigne puis généralement par sa mort. La maladie, un micro-organisme, proche des bactéries, très contagieux est potentiellement véhiculée par une cicadelle (insecte volant) présente dans les vignes. La Saône-et-Loire est pour l’heure le département le plus touché autour d’un « épicentre » près de Tournus. D’autres pieds contaminés ont été trouvés dans le département et le préfet a donc décidé d’étendre le périmètre d’action à tous le département. En Côte-d’Or, en dehors de deux petits foyers trouvés en 2005 à Puligny-Montrachet (2005) et Meloisey (2006) et traités, on sait que l’insecte est très présent dans les vignes même si aucune trace de la maladie n’a été trouvée ces dernières années. Avec la flavescence dorée, c’est l’aspect épidémique de la maladie (les pieds piqués par la cicadelle ne manifestent les symptômes que l’année suivante), et les conséquences économiques qui pourraient découler d’une propagation de la maladie qui effraient, aussi des mesures draconiennes ont été prises. En Saône et Loire, il faut manifestement éteindre le feu, aussi tous les producteurs vont se voir imposer des mesures quasi « militaires » : surveillance des parcelles pour établir rapidement une cartographie fine de la maladie, arrachages des pieds touchés et trois traitements insecticides obligatoires en 2013. En Côte-d’Or, la riposte est moins sévère pour le moment : surveillance, arrachage et un « seul » traitement insecticide. Dans l’Yonne, aucun pied malade n’a été trouvé à ce jour, les populations de cicadelles sont faibles aussi on en reste pour le moment au stade de la surveillance.« Avec un traitement insecticide en Côte-d’Or, on doit pouvoir faire tomber les populations de cicadelles et, je l’espère, éviter d’autres traitement obligatoires à l’avenir. En revanche, en Saône-et-Loire, dans les secteurs les plus touchés, il faudra sans doute des années de traitements pour éradiquer le problème », a expliqué Claude Magnien, technicien au Sral Bourgogne. Combien d’années ? 10, voire plus comme en Savoie, ou dans le sud de la France et on ne peut s’empêcher de se demander comment on a pu en arriver là ? Comment, alors que la maladie fait l’objet d’une lutte obligatoire par arrêté ministériel depuis 1987, aucune technique alternative sérieuse aux produits chimiques n’a pu être trouvée ? Les fabricants de produits chimiques se frottent sans doute les mains devant la manne financière annoncée et Bayer-Agri faisait même de la pub début mai, quelques semaines avant les premiers traitements obligatoires, sur Google en proposant un dossier très complet sur le thème : « comment identifier et combattre la cicadelle de la flavescence dorée ». La contre-offensive est donc lancée et pourtant, quelque chose nous dit que l’on est loin d’avoir fini d’entendre parler de la flavescence dorée. « La méthode Bush qui veut que l’on sorte les armes de destruction massive n’est pas sans conséquence. Il faut savoir qu’il n’existe aucun produit chimique totalement ciblé. De plus, nous n’avons aucun exemple de problème de ce type qui ait pu être réglé par la seule utilisation de produits chimiques », explique Yves Hérody, technicien et géologue. « L’essentiel sera la qualité de la prospection pour avoir demain une photographie précise de la situation et réduire les traitements », ajoute Gilles Sentenac, technicien à l’IFV Beaune.
Quelques vignerons vont probablement braver les arrêtés préfectoraux, quelques expérimentations sur des solutions alternatives seront sans doute menées en Côte-d’Or, mais la réalité est bien là : dans quelques semaines, les insecticides vont faire un retour massif en Bourgogne avec des conséquences prévisibles et d’autres moins. L’image de la région sera-t-elle longuement ternie par cette histoire ? Les équilibres naturels patiemment reconstitués depuis des années dans certaines vignes, bio notamment, seront-ils détruits ? Quel sera l’impact de ces traitements sur la santé humaine, des vignerons, de leurs salariés et plus globalement des populations installées près des vignes. Quand on connait les effets toxiques des molécules chimiques de synthèse sur la santé, tout particulièrement chez les femmes enceintes, ce dans le contexte d’une société qui se judiciarise chaque jour un peu plus, le risque de voir dans 10 ou 15 ans une association ou des particuliers porter plainte ne peut être exclu. Qui sème le vent risque un jour de récolter la tempête !

Christophe Tupinier
Photographie : FREDON Bourgogne

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