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publié le 13 février 2017

Les vignerons de Côte Rôtie disent non au saint-véran Côte Rôtie !

 

Côte-Rôtie, appellation
célèbre du nord de la vallée du Rhône, se trouve également être le nom d’un climat
réputé de l’appellation Saint-Véran dans le Mâconnais ; réputé, vaste (onze hectares délimités sur la
commune de Davayé, dont 9,67 en production aujourd’hui), encore peu revendiqué
sur les étiquettes (quelques opérateurs pour une estimation de 15 000 bouteilles commercialisées chaque
année), mais qui fait partie du patrimoine du cru comme en attestent les vieux
cadastres du XIXème siècle (photo ci-jointe) et
constitue donc un postulant sérieux à un futur classement en premier
cru… ce qui pourrait bien ne jamais arriver. Faisant suite au courrier de l’INAO adressé à un producteur de l’appellation Saint-Véran, en octobre dernier, lui demandant de cesser toute commercialisation de ses vins portant la mention Côte-Rôtie sur l’étiquette, en vertu de l’application de la réglementation européenne, le cru Saint-Véran a souhaité rencontrer le
syndicat de l’AOC Côte-Rôtie afin de trouver un accord à l’amiable concernant cette fameuse mention valorisante Côte-Rôtie.La rencontre a eu lieu le 22 décembre à Ampuis, dans le Rhône, en présence des co-présidents de l’appellation Côte-Rôtie (M. GERIN
et M. SEMASKA), de 4 producteurs de Saint-Véran et d’un négociant, tous
directement concernés. Les co-présidents de l’AOC Côte Rôtie ont expliqué que préalablement à cette réunion, le Conseil d’Administration du syndicat de leur AOC avaient voté et fait le choix de demander aux producteurs de
l’AOC Saint-Véran de cesser d’apposer le nom du climat
Côte-Rôtie sur les étiquettes principales, en s’appuyant sur la réglementation européenne, et cela dès le millésime 2017. Les vignerons du cru Saint-Véran ont eu beau expliquer à leurs collègues qu’en indiquant la
mention Côte-Rôtie, ils souhaitaient mettre en valeur un climat historique et qualitatif et certainement pas usurper ou de détourner la notoriété de l’AOC Côte Rôtie, les vignerons rhodanien sont resté inflexibles. Interdiction sur l’étiquette principale, mais pourrait-il donc être possible pour les vignerons bourguignons de continuer de mentionner le nom Côte Rôtie sur la contre-étiquette ? Possible mais pas sûr, puisqu’en février 2017 les vignerons rhodaniens vont se prononcer sur l’encadrement de l’utilisation du Climat Côte-Rôtie pour les producteurs concernés : en vue donc de stopper l’utilisation de cette mention sur l’étiquette principale à partir du millésime 2017 ; en cantonnant son usage à la contre-étiquette ; en précisant qu’il s’agit d’un lieu-dit ou toute autre explication visant à écarter le risque de confusion. En attendant le vote, les vignerons de Saint-Véran réfléchissent déjà à une alternative qui leur permettrait de
continuer d’utiliser légalement le nom sur la contre-étiquette, par la création par exemple d’une marque collective.Bref, voilà une affaire qui nous laisse pantois. Elle révèle tout d’abord les dérives d’une réglementation “soviétique” qui sous des intentions louables (qui peut être contre la protection des AOC ?) dissimule mal une incapacité très bureaucratique à introduire la moindre nuance. C’est très français et très européen. Enfin, c’est bien sûr un Bourguignon qui écrit ces lignes mais c’est surtout un amoureux des vins, de tous les vins, au premiers rang desquels les formidables cuvées de la Côte Rôtie ; très franchement nous ne voyons pas très bien comment une dizaine d’hectares de chardonnay, nous parlons donc de vins blancs, produits en Bourgogne dans une AOC engagée dans une révolution qualitative qui doit la conduire demain vers la reconnaissance en premier cru de ses meilleurs climats, peuvent être confondus avec 280 hectares de syrah, nous parlons donc de vins rouges, plantés au nord de la vallée du Rhône. Allez savoir, mais nos colonnes sont ouvertes aux vignerons de l’AOC Côte Rôtie s’ils souhaitent s’exprimer…Christophe Tupinier

* La réglementation européenne prévoit la protection des dénominations protégées « contre toute utilisation commerciale directe ou indirecte pour des produits comparables ne respectant pas le cahier des charges lié à la dénomination protégée » (article 103 du règlement du n°1308/2013 du Parlement Européen).

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