Ludivine Griveau a débuté ses troisièmes vendanges au poste de régisseuse du domaine des Hospices de Beaune, il y a bientôt deux semaines et elle est sereine tout en restant très concentrée. Après un bel été, le millésime a du potentiel, mais il faut aller le chercher, cuvée après cuvée, en donnant cette année encore une absolue priorité aux contrôles de maturité. On pourrait croire en effet qu’après un aussi bel été, les raisins sont partout bien mûrs. Il n’en est rien et ce principalement à cause des rendements confortables de l’année et ce particulièrement en pinot noir. Notons au passage que cette “générosité naturelle” du millésime 2017, couplée à sa précocité et aux conditions météo favorables des derniers mois ont conduit le comité régional de l’INAO à valider les augmentations de rendements demandées dans de nombreuses appellations, le tout dans un contexte où beaucoup d’entreprises ont souffert économiquement du gel en 2016 et de la grêle les années précédentes. En 2017, il sera donc légal de produire 47 hl/ha dans tous les grands crus de Gevrey-Chambertin ou encore 56 hl/ha en volnay premier cru, etc, etc. Peu de vignerons ou négociants vont s’autoriser de tels rendements en pinot noir, mais ils en auront le droit.
Plus de 30 degrés à l’ombre
Retour aux Hospices de Beaune où les vendanges ont donc débuté dès le 26 août, dans le Mâconnais, par plus de 30 degrés à l’ombre, avec la cuvée de Pouilly-Fuissé. Le Mâconnais avait comme souvent de l’avance en raison d’une petite récolte qui a vite mûri. “Il y a eu de la coulure de chaleur à la fleur et nous avons récolté moins de 40 hl/ha, avec 13,5 degrés de maturité. C’est très bien”, commente Ludivine. Après quelques jours de pose, les vendanges ont repris le 1er septembre en Côte de Beaune et en priorité par les chardonnays ; le tout après des pluies très attendues qui ont apporté du jus et du tonus aux raisins et avec le retour de températures plus fraîches. “A Puligny-Montrachet, à Meursault, les chardonnays étaient mûrs, autour de 13 degrés, avec des peaux épaisses et peu de jus à cause de la sécheresse de l’été et il fallait les couper rapidement. La vendange était grasse ; au lieu de s’écraser, les baies de chardonnay glissaient les unes sur les autres et le pressurage a été compliqué”, explique la jeune femme, qui poursuit : “En Côte-d’Or, les conditions météo rencontrées sur la fleur du chardonnay ont été moins bonnes, moins homogène, qu’en pinot noir et la récolte est globalement beaucoup moins régulière en blanc”.
Gelés en 2016, très productifs en 2017
Venons en donc au point d’interrogation de l’année, le pinot noir, qui a donc fleuri dans de bonnes conditions, avec à la clef une récolte généreuse partout et particulièrement dans les zones gelées en 2016. “On a bien vu dans ces secteurs où il y avaient très peu de raisins en 2016, que la vigne en a gardé sous le pied, elle a fait des réserves. Bien souvent ce sont les vignes les plus gelées en 2016 qui ont le plus produit”, explique Ludivine Griveau. Les vignerons des Hospices ont donc été chargés de réfréner les ardeurs de la nature en ébourgeonnant, en dédoublant, en pratiquant ici et là des vendanges en vert ; l’objectif étant de maintenir les rendements dans des limites qui permettent de produire les vins concentrés, équilibrés et raffinés que les acheteurs des vins des Hospices sont en droit d’attendre aux prix où ils les paient ; une remarque qui dépasse d’ailleurs le cadre des Hospices… où les vendanges ont donc débuté samedi dernier, le 2 septembre, en pinot noir ; elles vont se poursuivre jusqu’à lundi ou mardi de la semaine prochaine. Une bonne dizaine de jours pour attendre le moment propice et essayer de récolter partout des raisins à l’image de ceux de la cuvée de beaune premier cru rouge Les Avaux rentrés avant-hier à plus de 13 degrés naturels, dans un état sanitaire parfait, mais avec seulement 38 hl/ha. “Quant le travail de régulation des rendements a été bien fait, on obtient des rendements entre 35 et 40-45 hl/ha. Les raisins mûrissent bien, mais à leur rythme en fonction du matériel végétal, de l’âge de la vigne, du terroir, de la charge… A ce jour, dans certaines vignes, les raisins ne sont pas encore mûrs et il faut donc les attendre, ce qui est possible compte-tenu de l’état sanitaire qui ne pose pas de problème majeur cette année”, Conclut Ludivine.
575 pièces de 228 litres avaient été mises en vente aux enchères par les Hospices de Beaune en 2015 et 596 l’an dernier. Il est clair que ce chiffre sera revu à la hausse sur le millésime 2017. De combien ? Il est encore trop tôt pour le dire, mais on devrait bientôt le savoir…
Christophe Tupinier
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