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publié le 22 février 2014

Lutte contre la flavescence dorée, un nouveau départ ?

 

“Je suis là pour faire le point sur ce qui a été fait en 2013 et pour faire en sorte que les même erreurs ne soient pas commises en 2014 dans la lutte contre la flavescence dorée. Il faut désormais une vraie concertation dans la profession. Après Plottes (foyer le plus sérieux à ce jour dans la région de Tournus – nord Mâconnais – Saône et Loire), c’est l’émotionnel qui l’a emporté et même si je ne regrette rien, certaines décisions ont sans doute été prises dans la précipitation. Nous manquions de recul et de temps et il est vite apparu qu’il y avait de l’incompréhension entre vignerons”. Jean-Michel Aubinel, président de la CAVB (confédération des associations viticoles de Bourgogne), a donné le ton dans son discours introductif à la grande réunion publique organisée le 20 février dernier dans l’amphithéâtre bondé du lycée viticole de Beaune, à l’initiative d’une toute jeune association : “Le Collectif de vignerons contre la flavescence dorée”. Il nous a semblé, même si seuls les faits viendront rapidement prouver la bonne volonté des uns et des autres, que le temps de la discussion et de la raison était en effet arrivé entre les différentes “sensibilités” du monde viticole bourguignon.
Car tout le monde semble reconnaître aujourd’hui, “à froid”, qu’une certaine “panique” a présidé en 2013 aux prises de décision, face il est vrai à une situation épidémique particulièrement virulente dans cette région de Plottes qui fait figure “d’épicentre” de la maladie en Bourgogne. Un technicien a même reconnu lors de la réunion du 20 février que les termes de “foyers” et “d’épidémies” avaient sans doute été des “abus de langage”. Et les arrêtés préfectoraux imposant en 2013 trois traitements chimiques obligatoires (contre une cicadelle, l’insecte vecteur de transmission de la maladie d’un pied contaminé à des pieds sains – article en pièce jointe) pour l’ensemble du département de Saône et Loire (y compris dans les secteurs qui n’avaient jamais vu de près ou de loin de flavescence dorée) et un traitement pour l’ensemble de la Côte-d’Or ont pour beaucoup pris l’aspect du fameux marteau pilon que l’on utilise pour écraser une souris.
Un “buzz” international à haut risque Résultat : l’année 2013 à été particilièrement mouvementée avec par ordre chronologique : les traitements chimiques obligatoires pendant l’été, la mobilisation de parents d’élèves du Mâconnais inquiets des effets de ces traitements sur la santé de leurs enfants, la mise en place d’une prospection très efficace sur le terrain pour détecter d’éventuels nouveaux pieds contaminés, les analyses en laboratoire des pieds visuellement “suspects” et l’initiative des turbulents vignerons de Volnay (Côte de Beaune) qui en faisant contre-expertiser un pied annoncé contaminé à la flavescence dorée ont mis en évidence une certaine relativité des résultats d’analyses, le renvoie devant le tribunal (aujourd’hui lundi 24 février) d’un vigneron de Côte d’Or (articles en pièces jointes) ayant refusé de pratiquer le traitement chimique obligatoire avec à la clef un véritable “buzz” international à haut risque sur les réseaux sociaux, buzz qui ne retombe pas et dont on peut craindre le pire sur l’image de la région en cas de condamnation du vigneron, la publication dans le New-York Times d’un article sur le sujet qui n’a pas manqué de glacer d’effroi bon nombre de professionnels qui vendent quelques bouteilles outre-Atlantique, un hiver “chaud” où les décrets préfectoraux prévoyant le dispositif de lutte pour 2014 ont bien failli être publié là encore de façon très précipitée, pour en arriver à cette réunion du 20 février marquant un certain retour au calme. Nous notons au passage, sans en tirer plus de satisfactions que cela, que beaucoup des points que nous avancions dans notre article de début mai 2013 se sont vérifiés.
Mais passons ! Pour le collectif de vignerons contre la flavescence dorée créé fin 2013 et qui regroupe à ce jour déjà 120 domaines et maisons de négoce parmi les plus prestigieux de Bourgogne, “le passé est le passé” et l’association s’est donnée pour objectif d’être un interlocuteur, un acteur et une “force de proposition pour apporter les réponse les plus intelligentes dans la définition des politiques de lutte qui vont être menées à l’avenir”, a expliqué Alec Seysses (domaine Dujac – Morey-Saint-Denis). Pendant la soirée, plusieurs points ont été mis en avant par divers intervenants :* la nécessité absolue de mettre en place une vraie logique collective à très long terme de prospection systématiques sur le terrain pour identifier et arracher le plus vite possible les pieds contaminés,
* la nécessité de déterminer des seuils de contamination,
* imposer le traitement à l’eau chaude en pépinière (méthode radicale pour éliminer les bactéries de la FD),
* la recherche de méthodes alternatives aux traitements chimiques.
Deux traitements au maximum dans le Tessin Dans sa logique d’être une force de proposition, le collectif a également présenté des cartes assorties de zonages précis et d’un plan de lutte défini selon trois critères : présence avérée ou non de la flavescence dorée en 2012 et 2013, prospection effectuée ou non en 2012 et 2013, traitements chimiques effectués ou non en 2012 et 2013. A partir de ces critères, le collectif a proposé 4 plans différents selon les zones : 2 traitement chimiques obligatoires + 1 facultatif après comptage des cicadelles “survivantes” + prospection (en gros les zones les plus contaminées autour du foyer de Plottes) ; 1 traitement obligatoire + 1 facultatif + prospection (zones proches de la première zone) ; 1 traitement + prospection ; 0 traitement + prospection.
Pendant la soirée un chercheur suisse, Mauro Jermini, est venu présenter son expérience de plus de 10 ans de lutte contre la flavescence dorée dans le canton du Tessin, frontalier de l’Italie. Pour ce chercheur expert de la question, l’idée qui voudrait qu’il suffise de supprimer la cicadelle par les traitements pour supprimer la maladie est totalement erronée. D’autre part, l’expérience tessinoise a montré que jusqu’à maintenant, même dans les zones les plus touchées, deux traitements chimiques au maximum avaient suffit pour contrôler les populations de cicadelles. Trois traitements avaient pourtant été imposés en 2013 en Saône-et-Loire. Enfin, Mauro Jermini a expliqué qu’au bout de 3 années consécutives d’absence de la maladie, un secteur sortait du dispositif imposant des traitements chimiques, tout en maintenant la prospection de terrain.En Bourgogne, les discussions, pour ne pas dire les négociations vont donc se poursuivre dans les prochaines semaines entre les différents acteurs : CAVB, interprofession, collectif, les services de l’Etat qui décideront en dernier ressort, mais si vraiment comme l’a assuré Jean-Michel Aubinel : “nous avons le temps (en 2014) de prendre les bons arrêtes préfectoraux”, tous les espoirs sont donc permis pour qu’un véritable plan de lutte soit mis en place. Un plan concerté, qui tiennent bien sûr compte de l’état actuel de la recherche, de la présence de la maladie, de sa dangerosité, mais également des impératifs économiques, sociaux, humains et écologiques.

Christophe Tupinier

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