Les dernières grappes de raisins sont en train d’être coupées en Bourgogne et le premier constat à faire, c’est que 2014 s’annonce à l’évidence comme un bon millésime. C’est la première “année en 4″‘ qui va donner satisfaction aux Bourguignons et à leurs clients depuis bien longtemps, un demi-siècle en fait pour remonter à 1964. 2004, 1994, 1984 et 1974 ne resteront en effet pas dans les annales comme des millésimes de qualité, c’est le moins que l’on puisse dire.Après un printemps idyllique, mais un été moyen (le mois de juillet a battu des recors de pluviométrie), la Bourgogne a donc eu la chance de bénéficier en 2014 de conditions météo favorables et ce dès la mi-août. En dehors de quelques orages ou averses généralement suivis d’un temps sec, il a fait beau et parfois chaud en septembre et ce temps ensoleillé reste même encore d’actualité aujourd’hui ce qui nous laisse une impression mitigée. Etait-il possible de faire mieux ?
Nous ne nous hasarderons pas à donner dès aujourd’hui, alors que les vins fermentent encore, des indications sur le style des vins, mais il est clair que le millésime est donc de bonne qualité. De très bonne qualité ? Nous avons un doute et il est lié à la date précoce des vendanges qui donne à penser que beaucoup sont allés vendanger tôt et avec des niveaux de maturité sans doute moyens. Nous excluons de cette remarque, les producteurs situés sur Beaune, Volnay, Pommard qui après trois années de grêle consécutives ont fait ce qu’ils devaient faire pour sauver les meubles.
Mais ailleurs ? Il y quelques jours seulement, au domaine Devillard, à Mercurey (71), on finissait seulement de vendanger des raisins titrant à peine plus de 12,5 degrés naturels. 12,5 degrés, C’est très bien et c’est suffisant, “mais 10 jours plus tôt, ce n’était pas mûr”, assure Amaury Devillard. N’était-il donc pas possible de prendre quelques risques, d’attendre quelques jours de plus pour récolter à 12 ou 12,5 plutôt qu’à 11,5 degrés et ce d’autant plus que la météo était favorable et que de l’avis général, les raisins se tenaient bien. La question est posée, même si les raisons qui ont poussées certains à vendanger aussi tôt sont aujourd’hui bien connues.Après plusieurs années de faibles à très faibles récoltes, il est clair qu’il fallait “remplir les caves” et attendre quelques jours de plus est toujours un facteur de risque. Sur ce point, en dehors encore une fois, des secteurs grêlés, la Bourgogne semble avoir fait le plein avec une récolte régionale qui devrait tourner autour de 1 500 000 hectolitres, ce qui nous ramène aux “belles” années du début des années 2000.L’autre facteur est cet insecte, la drosophile Suzukii (article ci-joint), d’origine asiatique qui a fait une entrée en scène aussi inattendue que remarquée pendant ces vendanges 2014. Cet insecte ne pique que les raisins rouges, mais il a pu dans certains cas engendrer sinon un début de panique pour le moins la crainte dans certains secteurs de voir une partie importante de la récolte partir en fumée, ou en occurrence en vinaigre. Certains ont-il avancé les vendanges à cause de la présence de cette drosophile ? C’est possible !Encore une fois, nous sommes persuadés qu’avec 2014, la Bourgogne tient un bon millésime qui dans une certaine mesure va allier qualité et quantité, ce qu’il fallait à la région au plan économique. Peut-on pour autant parler de grand millésime ? Cela reste à vérifier !
Christophe Tupinier
25 octobre 2024
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