“Je ressens de la joie, de la stupéfaction et de la fierté”, a lancé hier soir en fin de vente, Ludivine Griveau-Gemma, régisseuse du domaine des Hospices de Beaune et elle peut en effet légitimement être joyeuse et fière dans la mesure où il est évident que la qualité de son travail a compté pour une part importante dans l’incroyable, le “stupéfiant” résultat de cette 162ème vente des vins des Hospices de Beaune.
“Stupéfaction”, “incroyable”, “irréel” étaient des mots qui revenaient en effet dans les bouches des acheteurs, confrères journalistes, observateurs croisés hier après-midi sous les halles de Beaune où tous les records ont été battus.
Le produit global de la vente des 802 pièces de vins s’établit a 31,25 millions d’euros (frais de Sotheby’s inclus, 29 millions environ sans les frais) contre un peu moins de… 14 millions en 2018 pour 843 pièces. Si au vu des résultats enregistrés ces dernières années et notamment en 2021 avec 350 pièces de vins (près de 12 millions) ont pouvait s’attendre à ce que ce chiffre soit dépassés, personne ne pensait que le prix moyen de la pièce de 228 litres allait augmenter à ce point puisque selon le communiqué de presse reçu ce matin des Hospices eux mêmes : “Le prix moyen frais inclus par pièce, tant pour les rouges que pour les blancs, pièce des Présidents et spiritueux inclus s’élève à 39 155 €, soit une hausse de 12%/2021. Le prix moyen hors frais des vins rouges et blancs est en hausse de 8,28 % par rapport à l’année dernière (35 974 € en 2022, 33 223 € en 2021)”.
300 000 euros la pièce de Bâtard-Montrachet
Et précisons que la hausse est quasi générale ; si les grands crus ont souvent fait parler la poudre, à l’image de ces cinq pièces de Bâtard-Montrachet grand cru blanc acquises à 300 000 euros l’unité par les maisons Lucien Le Moine et Bichot (pour des clients chinois en ce qui concerne Bichot), les cours de beaucoup de cuvées moins prestigieuses ont également souvent augmenté.
Pour en finir avec les records, ajoutons que la pièce de charité s’est adjugée à 810 000 euros, contre 800 000 (précédent record) en 2021 en grande partie grâce aux deux présidents, Flavie Flament, journaliste et écrivaine et l’acteur Benoit Magimel qui n’ont pas hésité à descendre dans la salle pour relancer les acheteurs les uns après les autres ; elle a été acquise par plusieurs maisons de négoce regroupées pour l’occasion : Bichot, Latour, Drouhin, Jadot, Bouchard Père et Fils, Badet-Clément, Faiveley, Boisset, Patriarche, Chanson, Champy et Veuve Ambal. Par la voix d’Albéric Bichot, un de ses amis proches, les négociants bourguignons ont rendu hommage à Louis-Fabrice Latour disparu récemment. Frédéric Drouhin, touché personnellement par un drame familial et la perte de sa fille, a également pris la parole pour insister sur l’importance de soutenir les associations qui œuvraient en faveur de l’enfance. La somme de 810 000 euros sera versée au profit des associations “Vision du Monde” et “Princesse Margot.
1 750 000 hectolitres en 2022
On peut maintenant se demander une fois de plus si ces résultats sont le reflet de l’état du marché (florissant) des grands vins de Bourgogne. La vente des vins des Hospices de Beaune est sans doute un miroir déformant de ce marché, mais affirmer qu’elle en est totalement déconnecté nous semblerait bien excessif. En 2021, année de gel, de petite récolte (moins de 1 million d’hectolitres), les négociants, grands et petits, s’étaient rués sur les faibles volumes disponibles avec pour effet une explosion des cours du vrac souvent multipliés par deux, voire plus, des appellations régionales aux grands crus.
Le millésime 2022 se présente dans une configuration très différentes, avec une récolte abondante (1 750 000 hectolitres), des vignerons qui ne semblent pas disposés à revoir leurs prix en “vrac” à la baisse et des négociants qui pour l’heure sont très prudents. Dans ces conditions, la hausse des cours des vins des Hospices de Beaune va-t-elle donner le tempo de l’évolution du marché dans les semaines, les mois à venir ? Plus rien ne semble impossible en Bourgogne de nos jours…
Christophe Tupinier
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