Gilles de Larouzière, PDG de la maison beaunoise Bouchard Père & Fils et des Champagnes Henriot, est le nouveau président de
l’Association des Climats du Vignoble de Bourgogne.
Bourgogne Aujourd’hui lui consacre la rubrique “rencontre” du numéro 157 qui vient de sortir.
Retrouvez ci-dessous des extraits de cette interview dont il vous reste la moitié à lire dans Bourgogne Aujourd’hui.
Parlons un peu de l’association des climats du vignoble de Bourgogne ? Quel est son but ? À quoi sert-elle ?
Elle est née du projet d’inscription des climats ; elle l’a porté en mobilisant la profession, les politiques, jusqu’à l’inscription officielle le 5 juillet 2015. Si certains ont eu l’impression que c’était fini et bien c’est tout le contraire. C’est maintenant que commence le travail difficile, car il faut rentrer dans une phase de gestion, de protection du site classé.
L’association a pour membres les grandes institutions publiques, les villes de Dijon, de Beaune, les communautés de communes, le département, la
région, la viticulture, le négoce, l’interprofession… Notre rôle est d’assurer l’intégrité de cette bande de territoire de 55 kilomètres de long et de gérer
avec tous ces acteurs ce que l’on appelle sa VUE : Valeur Universelle Exceptionnelle.
Vous avez donc un œil sur tous les projets qui pourraient venir entacher cette VUE ?
Oui et cela passe par expliquer la valeur de ce patrimoine dans ses différentes dimensions, par sa protection, car n’oublions pas que c’est un paysage culturel qui a été classé, unique dans le monde, qui est le résultat d’une très ancienne culture viticole, et par la médiation.
Aujourd’hui, l’association est présente sur ces différents rôles. Elle organise des événements même si c’est plus compliqué en ce moment, sensibilise la profession, les jeunes, les élus…
Il y a également déjà la maison des climats et il y aura demain la Cité des Vins de Bourgogne, à Beaune, avec le futur centre d’interprétation des climats qui sera la clef de lecture de ce patrimoine unique. C’est essentiel et c’était une des demandes de l’Unesco.
L’association vient d’alerter sur un projet d’implantation d’éoliennes dans l’arrière-côte de Beaune. Des éoliennes assez lointaines mais qui seraient néanmoins visibles depuis le site.
N’êtes-vous pas un peu jusqu’auboutiste ?
On ne peut pas mettre le périmètre des climats sous une cloche de verre. C’est un site vivant, où les gens travaillent, se déplacent…
Bien sûr oui et il faut que toute cette activité puisse se poursuivre, parce qu’elle a créé ce paysage culturel unique.
L’inscription au patrimoine mondial ne doit en aucun cas être une limite à l’activité des vignerons, dont je fais partie, mais le site est désormais inscrit et nous avons tous une forme de responsabilité sur sa préservation. Ceci étant, il y a aujourd’hui tout un éveil des consciences, notamment au patrimoine viticole : les cabotes, les murets, les murgers ; les gens se mettent à l’entretenir, avec ou sans l’aide de l’association, qui a un fond pour subventionner les restaurations, et c’est très positif. En outre, il y a une relation de plus en plus étroite avec les pouvoirs publics, les mairies, les collectivités territoriales… pour qu’à travers l’association, la notion de VUE du site soit intégrée aux grands projets d’aménagement, aux plans d’urbanismes, au développement d’infrastructures… En ce qui concerne ces éoliennes, nous n’avons aucun avis sur l’énergie éolienne en tant que telle ; ce n’est pas le sujet.
Ce paysage culturel est désormais reconnu comme l’un des plus remarquables au monde ; il doit vivre, mais il n’est pas question de le dénaturer. Ces mats d’éoliennes de 180 mètres de haut seraient visibles de plusieurs endroits ; c’est clairement une dénaturation du site et l’Unesco avait beaucoup insisté pour que nous soyons vigilants avec ce type de projet.
Au cours de la conférence territoriale du 15 décembre dernier, a été présenté le programme d’actions de la prochaine convention-cadre
2021-2024. La crise sanitaire a ralenti les choses. Il y aura des élections en 2021 et vous allez manifestement attendre d’avoir les équipes fraîchement élues pour établir cette feuille de route. Pour autant, quelques pistes ont été avancées et notamment le souhait de créer des pôles d’animation autour de la route des grands crus. Avez-vous des idées plus précises ?
Et bien, on peut commencer par mettre en place, tout au long de la route des grands crus, un vrai dispositif d’explication, d’information, et de lecture du paysage, à destination des touristes, mais aussi des Bourguignons ; un contenu historique, culturel, environnemental… qui permettrait à tous de lire le paysage qu’ils ont devant les yeux et de le comprendre. Des activités pourraient également être développées autour de cette
route. On peut aussi parler de la « véloroute » qui pose d’évidents problèmes de cohabitation entre les cyclistes et les vignerons. Ceci étant, inscription au patrimoine de l’Humanité ou pas, le mouvement de l’œnotourisme est lancé ; la Bourgogne a des atouts incontestables et il va bien falloir répondre aux questions suivantes : comment faire en sorte que cela soit un tourisme de qualité, comment faire pour que ces flux de touristes ne dégradent pas le site classé et comment organiser ces flux pour qu’ils ne soient pas un problème pour l’activité, notamment viticole.
Repères
Gilles de Larouzière-Henriot, fils de Dominique de
Larouzière et de Madeleine Henriot.
5 octobre 1974 : naissance à Boulogne-Billancourt.
2000-2001 : service militaire au 27e Bataillon de Chasseurs Alpins, puis en Bosnie dans le renseignement.
2002 : début de carrière comme consultant en stratégie.
Octobre 2011 : entrée au Conseil d’administration du groupe familial Maisons & Domaines Henriot, en remplacement de ma mère décédée en
juillet.
8 juin 2015 : élu Président de Maisons & Domaines Henriot.
12 avril 2017 : acquisition de Beaux-Frères Vineyard, Oregon (USA).
2018 : Président- Délégué de l’Association des Climats du Vignoble de Bourgogne.
19 novembre 2019 : Président de l’Association des Climats du Vignoble de Bourgogne.
19 janvier 2020 : prend la direction opérationnelle du Groupe familial.
14 mars 2024
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