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publié le 27 avril 2020

Les climats de Côte-d’Or au XIXème, suite…

 

 

 

Nous avons présenté la semaine dernière le livre écrit par Frédéric Villain, un passionné, fidèle des dégustations de Bourgogne Aujourd’hui : “Grands vins de Bourgogne, guide des meilleurs crus & climats de Côte-d’Or au XIXème”. Dans cet ouvrage Frédéric fait une synthèse passionnante des écrits de l’époque (les docteurs Morelot et Lavalle, le Comité d’agriculture de Beaune…) avec leurs points communs… et leurs divergences ; Rappelons que ces ouvrages ont largement servi de bases aux classements établis à la création des appellations d’origine contrôlées au milieu des années 30.

Voici ci-dessous la partie du livre consacrée au village de Flagey ; livre que vous pouvez acheter en souscription : https://bit.ly/3bk3qY0

 

Le village de Flagey* tient, d’un certain point de vue, une place à part dans la côte. Tout d’abord, et au contraire de ses illustres voisins, il se situe sur la plaine de l’autre côté de la nationale, à l’ombre du célèbre Clos de Vougeot, à distance des coteaux et en marge de la route des vins qui chemine de village en village […] Ensuite, aucune appellation village ne porte son nom […] L’intégration d’historiques climats emblématiques, tels Les Poulaillères, Les Champs traversins, à l’AOC grand cru Echezeaux, et donc leur disparition sur les étiquettes, n’y est pas étrangère. Elle n’est pas non plus à blâmer : les spécialistes de l’époque assimilaient souvent les qualités des vins de Flagey à celle des Vosnes. Et ces derniers jouissaient alors d’une renommée commerciale plus marquée. La mise en place des AOC n’a finalement entériné qu’un état de fait.

 

Situation

 

Le territoire de Flagey, petite commune de 273 habitants enclavée entre Vosne et Vougeot, s’étendait jusqu’aux coteaux. Le cœur du village
était situé assez loin dans la plaine, « à plus d’une demi-lieue de la montagne ». Son vaste finage semblait comme scindé en deux. En bas de la route impériale se trouvaient alors les vignobles de plants dits inférieurs et, en haut de celle-ci, seule « une bande étroite qui, séparant les vignobles de Vougeot et de Vosne, comprend un certain nombre de climats presque tous dignes d’être signalés » […]

Aire de production

Avec une telle disposition géographique, le village exploitait plus de vignes en pinot qu’en gamay. Au milieu du XIXème, Le docteur Lavalle dénombrait approximativement 60 hectares en plants fins et 30 en gamay. La surface consacrée à ce cépage s’agrandira à plus de 100 ha en 1880. Elle restera cependant localisée sur les territoires de plaine, laissant les bons coteaux au pinot. Le Comité d’agriculture de Beaune (CAB)
comptabilisait une superficie en noirien légèrement plus élevée de 72,45 ha, répartis comme suit :

·
49,27 ha en 1re classe (68,0 %)

·
14,28 ha en 2e classe (19,7 %)

·
8,90 ha en 3e classe (12,3 %)

 

 

Cépages et culture

 

Seul le pinot était exploité sur les climats au-dessus de la route, du bas en haut des coteaux. Les vignobles de gamay étaient, eux, présents uniquement dans la plaine. Le vignoble de plants fins était traité avec soin, grâce à une culture à la pioche et un classique
provignage pour la multiplication […] Les rendements moyens étaient d’environ 23 hl/ha pour les pinots fins et le double pour les renommés gamays. Celui des Echezeaux était nettement moindre, avec 120 hl pour ses 9 ha, soit environ 13 hl/ha – conséquence, comme au Clos de Vougeot, d’une culture certainement plus stricte et plus qualitative.

 

 

Caractères des vins

Les vins fins de Flagey étaient placés au même niveau de qualité que ceux de Vosne-Romanée, et souvent assimilés à ces derniers : « [ils] se rapprochent sous tous les rapports des vins de Vosne, avec lesquels ils sont confondus par le commerce aussi bien que par les amateurs ». « Un bon bouquet, une grande finesse, une belle vinosité », telles sont les qualités générales décrites par Danguy et Aubertin. Le prix à la pièce était relativement élevé, avec une moyenne comprise entre 600 à 800 francs et pouvant atteindre plus de 1 000 francs pour Les Echezeaux.

Climats remarquables

Le climat le plus distingué était Les Grands Echezeaux placé par Lavalle en « tête de cuvée n°2 ». Tous les auteurs, dans leur description, ne séparaient pas les vins issus des Grands Echezeaux de ceux des Echezeaux du-Dessus, qui présentaient les plus hautes qualités d’alors : « corps moelleux, extrême finesse et bouquet élevé ». Le vin issu du climat Les Poulaillères faisait également partie des plus recherchés de Flagey. Morelot ne fait d’ailleurs pas de distinguo entre les trois climats, qui engendraient « des vins fins délicats, colorés, d’un très-bon goût ».

Il y a un peu plus de divergence pour les autres climats, en particulier entre Lavalle et le CAB, mais se détachaient Les Loächausses, Les Cruots, Les Champs-Traversins, Les Rouges-du-Bas, Les Beaux-Monts-Bas – tous désormais vendus sous l’appellation Echezeaux grand cru.

* Gevrey est devenu Gevrey Chambertin en 1847, Aloxe, Aloxe-Corton en 1862, Vosne, Vosne-Romanée en 1866, Chassagne et Puligny, Chassagne-Montrachet et Puligny-Montrachet en 1878 et 1879, Flagey, Flagey-Echezeaux en 1886 et enfin Nuits, Nuits-Saint-Georges en 1892.

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