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publié le 20 avril 2020

Domaine de la Romanée-Conti : la dégustation !

 

Retour au dossier spécial “25 ans en Bourgogne” publié dans le numéro 149 de Bourgogne Aujourd’hui et placé sous la direction d’un rédacteur en chef exceptionnel : Aubert de Villaine, le cogérant emblématique du Domaine de la Romanée-Conti. Nous avons mis en ligne il y a quelques jours l’article consacré au domaine de la Romanée-Conti.

Place aux vins… Chaque millésime raconte une histoire et chaque terroir également. Le Domaine de La Romanée-Conti nous avait proposé de déguster chaque grand cru du domaine en lui « attribuant » un, voire deux millésimes de styles très différents : solaire, froid, sec, humide, généreux… Voyage dans les trente dernières années de la Bourgogne !

 

Grands crus rouges

 

Romanée-Conti 2016
Surface : 1.8140 hectare (monopole).
Âge moyen des vignes : 60 ans.

« Nous avons eu tous les ennuis du monde au printemps : le gel, qui a peu affecté La Romanée-Conti mais détruit 90 % de la récolte dans Le Montrachet, Les Grands-Échezeaux et Les Échezeaux, puis la pluie, le mildiou. Tout a changé mi-juillet avec le retour du beau temps. Nousavons commencé à vendanger le 23 septembre et au final, 2016 est l’un des plus grands millésimes de pinot noir de ces quinze dernières années », estime Aubert de Villaine.

Robe intense, sans excès, de pinot noir, dans des nuances rouge-grenat. Le premier nez est profond, mais encore un peu sur la réserve, et après aération, arrivent alors ces notes fruitées, réglissées et surtout florales, épicées, d’une grande complexité, amenées par une vinification en vendange entière parfaitement maîtrisée. Beaucoup de force, d’intensité en bouche, une immense longueur et des tanins veloutés, raffinés. « C’est vrai que l’on a déjà, même sur un millésime encore très jeune, le soyeux de La Romanée-Conti. Il fallait plus de temps avant pour obtenir cette sensualité. Les vignes vieillissent et elles amènent peut-être une autre qualité de raisins », conclut Aubert de Villaine.

 

Richebourg 2012
Surface exploitée : 3,5110 hectares.
Âge moyen des vignes : 60 ans.

Voilà une nouvelle année au printemps « difficile », sauvée par une belle fin d’été. Une année « classique » en quelque sorte, avec des maturités qui se sont (bien) faites entre fin août et les trois premières semaines de septembre, « où les raisins ont pu mijoter tranquillement avec des températures
raisonnables », assure Aubert de Villaine. Le vin est globalement plutôt cadenassé. « Au bout de six ou sept années en bouteilles, c’est assez classique d’avoir une période de fermeture des vins », estime le cogérant du Domaine de La Romanée-Conti.
L’aération dans le verre fait son oeuvre et au bout d’une bonne trentaine de minutes, le vin révèle peu à peu des notes d’épices douces, de réglisse, de
cacao ; le fruité prend à la fois de l’étoffe et de la fraîcheur et, comme pour La Romanée-Conti 2016, arrivent alors des notes florales délicates. En bouche, le vin reste un peu dans sa coquille, avec une noblesse évidente, de la race, une belle longueur, un potentiel évident qui va demander quelques années encore pour se mettre en place et se révéler.

 

Échézeaux 2008 2009
Surface exploitée : 4.6737 hectares.
Âge moyen des vignes : 35 ans.

2009

2009 est un millésime solaire, particulièrement en août et septembre, mais sans les « excès » de 2003, 2015, 2018 ou encore 2019 ; un millésime marqué également par des rendements relativement généreux liés à une floraison rapide. « À noter qu’il a bien plu au printemps, constituant une réserve d’eau qui s’est avérée importante pour permettre aux raisins de bien mûrir sous le soleil de la fin de saison », se souvient Aubert de Villaine. Sur l’échézeaux, qui est probablement le grand cru le plus « abordable » jeune du Domaine de La Romanée-Conti, ce 2009 présente une belle robe intense et très peu marquée par l’évolution. Arômes doux, de fleurs fanées, d’épices, de réglisse… Bouche veloutée, tendre, soyeuse, élégante, enrobée, charnue, bien typée du climat, pleine de soleil et la structure aérienne du vin le rend superbement délicieux à déguster aujourd’hui.

 

2008
En Bourgogne, il y a encore seulement une dizaine d’années, les années se suivaient sans se ressembler ; c’est moins vrai aujourd’hui… Au chaud soleil de 2009, avait précédé la pluie et la fraîcheur de 2008 et ce jusqu’à la mi-septembre, avant que le soleil et le vent du nord ne fassent un retour presque miraculeux pour sauver la récolte. Quelques semaines de beau temps sec, ensoleillé et frais ont suffi pour faire un excellent millésime de
chardonnay ; nous avons toujours été beaucoup plus mitigés en pinot noir…
Cet échézeaux présente une robe rubis, légère, brillante. Le domaine est resté fidèle à sa philosophie de la vinification en vendange entière (70 % sur cet échézeaux), qui apporte un fruité pur, acidulé, une expression aromatique séduisante, délicate, presque
évanescente que l’on retrouve très rarement en rouge en 2008 où c’est souvent le végétal qui domine en Bourgogne. La bouche est toute en dentelle,
harmonieuse, avec un fruité croquant, des notes grillées, mentholées. Un ange passe… « Dans ce type de millésime, on peut s’en sortir et produire de
beaux vins rouges à la trame classique marquée, à condition d’avoir dès le départ des petits rendements et de faire un tri rigoureux de la vendange ;
la vigne n’oublie jamais sa charge initiale », rappelle Aubert de Villaine.

 

Romanée-Saint-Vivant 2003
Surface exploitée : 5.2858 hectares.
Âge moyen des vignes : 45 ans.

« Nous avons commencé de vendanger le 27 août, après deux ou trois petits orages qui ont apporté quelques pluies et surtout fait tomber les températures, ce qui a permis de récolter dans de meilleures conditions. Les degrés ne sont jamais montés très haut, 13, guère plus, en raison d’une forme de blocage des vignes par manque d’eau ; pourtant en fin de cuvaison, je trouve que les vins avaient un caractère un peu porto. Cela s’est généralement atténué au fil du temps », commente Aubert de Villaine. Belle robe intense, profonde, peu évoluée. Le nez évoque assez peu un millésime aussi excessivement chaud que 2003 : arômes de fruits noirs légèrement confiturés, d’épices, de chocolat, de rose fanée, etc. En première bouche, le vin est encore un peu « monacal », bien typé finalement de la Saint-Vivant, avec de la matière, une ligne pure, presque saline et une légère note de surmaturation en finale. À l’aération, le vin garde sa précision, tout en s’étoffant, en prenant de la chair, du velouté, une forme de gourmandise apportée par le temps et que l’on retrouve souvent aujourd’hui sur les bons 2003.

 

La Tâche 2000
Surface : 6.0620 hectares (monopole).
Âge moyen des vignes : 50 ans.

« 2000 fait partie de ces millésimes classiques, bien réussis, très bourguignons. Tout a commencé avec une floraison
rapide, en quelques jours, qui a engendré une belle récolte vendangée dès la mi-septembre. Après un été médiocre, c’est comme souvent à cette époque le retour du soleil en septembre qui a permis de bien mûrir les raisins ; il y avait néanmoins du tri à faire », se souvient Aubert de Villaine. Arômes encore discrets au premier nez, mais délicats, subtils, sur des notes florales, mentholées… Il faut souvent laisser à ces grands vins de garde le temps de s’ouvrir… ; à l’aération, le vin élégant, mais un peu étriqué de la première mise en bouche, a
peu à peu pris de l’étoffe, de la chair, de la gourmandise, du fruit, du jus, de la complexité aromatique et même de la couleur pour laisser l’impression
d’un vin complet, frais, très harmonieux, raffiné, qui s’approche de son apogée.

 

Romanée-Saint-Vivant 1999

« Compte tenu des conditions météo favorables et de la récolte bien plus abondante qu’à l’ordinaire, nous avons décidé cette année-là de faire deux vendanges sur tout le domaine en pinot noir : une première vendange des raisins les plus fins et les plus mûrs et une seconde pour les autres ; cette dernière s’est d’ailleurs avérée être d’une qualité suffisante en 1999 pour être mise en bouteilles avec l’étiquette du domaine et nous l’avons commercialisé en vosne-romanée premier cru. Cette technique des deux vendanges a été reconduite en 2000 et 2001. Avec le travail qui a été
réalisé au vignoble depuis cette période et le réchauffement du climat, ces vendanges en deux temps ne sont plus pratiquées depuis plusieurs années », explique Aubert de Villaine. Toujours est-il que ce 1999 « premières vendanges » est une bombe ! La robe intense, grenat, évoque un vin très jeune, de quatre ou cinq ans. Arômes riches, doux, élégants de fruits noirs, de fleurs, d’épices, de réglisse…
Bouche somptueuse de richesse, de générosité, d’une gourmandise absolue, sans
une once de dureté. Les tanins sont veloutés, soyeux, le fruité noir compoté,
le tout avec beaucoup de longueur en bouche, de race et un équilibre parfait.

 

Grands-Échézeaux 1990
Surface exploitée : 3.5263 hectares.
Âge moyen des vignes : 30 ans.

Comme 2000, 1990 est également un millésime de floraison précoce et de rendements généreux mais la comparaison s’arrête là. Le soleil a comblé de ses bienfaits le millésime 1990 et le domaine a réglé le problème quantitatif de l’année par sa politique de régulation des rendements à la base, dès la taille, l’ébourgeonnage, etc. Belle robe intense, brillante, limpide. Arômes profonds, discrets, avec un floral marqué, des notes fumées, mentholées, confiturées, chocolatées… « En bouche, la chair commence d’être moins opulente et c’est l’esprit qui sort », commente Aubert de Villaine. L’esprit, l’élégance, le raffinement, au service d’un grands-échezeaux soyeux, délicat, d’une belle longueur en bouche, fin et sensuel.

 

Grand cru blanc Montrachet 2011
Surface exploitée : 67 ares 59 centiares.
Âge moyen des vignes : plus de 60 ans.

« Le Montrachet est un grand cru qui a le talent de conserver de la fraîcheur, même quand les raisins sont coupés à leur extrême
maturité. Nous cherchons donc à atteindre la maturité, degré et peau, la plus aboutie possible. Cela nous conduit à souvent vendanger les derniers, mais pas en 2011. Un orage tombé fin août-début septembre a eu tendance à faire tourner quelques raisins ;
il y avait un peu de botrytis et nous avons finalement décidé de récolter le 6 septembre », explique Aubert de Villaine. Robe d’un doré étincelant. Arômes envoûtants, avec un style « boulanger-pâtissier », des notes d’éclair à la vanille, de frangipane, de fruits jaunes, d’épices, de pain grillé, le tout avec beaucoup de finesse, d’éclat. Le vin est crémeux, opulent, gourmand, juteux, bien équilibré, déjà délicieux à déguster comme bon nombre de 2011 blancs aujourd’hui (pas le millésime du siècle en chardonnay), mais c’est un montrachet et on sent également qu’il en garde sous le pied.

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