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publié le 30 décembre 2022

“Dossier 25 ans” suite : 2003, l’année charnière !

 

 

Les choses n’ont plus jamais tout à fait été les mêmes après 2003. Beaucoup de vignerons gardent en mémoire l’été brûlant et ces vendanges débutées au mois d’août (ce qui n’était jamais arrivé au XXème siècle) ; pour beaucoup 2003 est la première véritable étape marquante, pour ne pas dire spectaculaire, de ce réchauffement climatique qui rythme aujourd’hui la vie des vignobles de Bourgogne et du Beaujolais en changeant les habitudes de travail et, quelque part aussi, le style des vins. Témoignages publiés dans le numéro 149 de Bourgogne Aujourd’hui spécial “25 ans”…

 

 

Aubert de Villaine

(Cogérant du domaine de la Romanée-Conti et rédacteur en chef exceptionnel du numéro “25 ans” de Bourgogne Aujourd’hui)

Nous nous adapterons !

“Un travail scientifique auquel a collaboré activement Thomas Labbé, un chercheur de l’Université de Dijon qui avait travaillé avec nous sur le dossier de candidature au Patrimoine mondial, reprend les dates de vendanges depuis le 14e siècle et montre que depuis 1988, nous sommes entrés dans un cycle où les millésimes « chauds » se succèdent à un rythme jamais vu.
Dernièrement : 2015, 2018, 2019… Pour l’instant nous ne pouvons que nous féliciter de cette climatologie qui nous assure des hautes maturités bien plus souvent qu’auparavant quand on ne se trouvait qu’exceptionnellement en configuration « grande année ». Mais il y a aussi pour nous vignerons des conséquences multiples, des dangers déjà présents et la nécessité de trouver des adaptations.

Il n’y a pas longtemps encore, on sélectionnait en priorité des types de pinot ou de chardonnay à maturité précoce. Aujourd’hui, il ne faut surtout pas faire l’impasse sur les types à maturité plus tardive qui pourront devenir précieux. Il faudra aussi s’intéresser aux porte-greffes qui ne sont pas sans influence à ce niveau-là. Les méthodes culturales sont à réévaluer, de même pour le palissage de la vigne, la nature et l’application des produits de traitement… et d’autres pratiques émergeront sûrement. En vinification, les risques de prolifération de brettanomyces sont décuplés. L’attention à l’hygiène doit donc être décuplée également. La baisse des acidités liée à la climatologie est générale et il importe de trouver des moyens naturels de la compenser.

C’est un grand chantier. Nous sommes devant une page blanche, mais ça n’est pas nouveau. Chez nous en Bourgogne,  la difficulté est récurrente, sans cesse présente. Nous nous adapterons et la vigne, si nous la respectons, nous y aidera”.

 

Vincent Dureuil

(vigneron à Rully)

Gérer le soufre et adapter la taille

“Si l’on considère l’ensemble du cycle végétatif, 2003 reste le millésime le plus chaud que nous ayons connu. Il faisait 39 °C à Rully le 14 juillet, et 42 °C le 5 août ! Sur le plan de la viticulture, j’ai le souvenir d’une année extrêmement difficile. Les vignes poussaient à une vitesse folle. Nous
avons commencé les vendanges le 1er septembre, soit à une date tardive pour l’année. Les Meix Dadot vieilles vignes (NDLR : rully blanc 1er cru) titraient 14°5 et la plupart des raisins ont été rentrés autour de 14°. Heureusement, nous étions déjà équipés en thermorégulation et nous avons pu refroidir immédiatement la vendange. En cave, je n’ai rien changé à mes pratiques : je n’ai pas tartriqué (NDLR : acidifié les moûts par l’ajout d’acide tartrique), et je n’ai pas cédé à la tendance qui était de raccourcir les élevages. Plus ils vieillissent, moins mes 2003 me semblent marqués par le caractère solaire de l’année. Le terroir finit toujours par reprendre le dessus… »
Le vigneron de la Côte Chalonnaise insiste sur la nécessité d’adapter la taille de la vigne et l’usage du soufre :
« Je diminue fortement les doses de soufre en période de chaleur car il peut brûler les raisins. Les étés chauds sont aussi, de plus en plus souvent,
accompagnés d’épisodes de gel de printemps. Cela nous imposera de changer nos pratiques culturales d’hiver, notamment de retarder la taille après la Saint-Vincent (NDLR : fin janvier) ».

 

Nadine Gublin

(oenologue Domaines Labruyère)

Un changement bénéfique

“En 2003, nous étions déjà bien équipés en froid. Nous avons donc pu rafraîchir les raisins et les jus, et vinifier dans des conditions optimales. La récolte, commencée le 25 août, a été transportée de la vigne à la cuverie dans des camions réfrigérés, auxquels nous avons eu recours à nouveau l’année dernière. Bien sûr, nous avions adapté les heures de vendange, en commençant tôt le matin et en terminant la journée vers 13 h, ainsi que la durée : nous avons vendangé en six jours au lieu de douze habituellement. Les années chaudes, nous sommes très attentifs au positionnement des traitements contre l’oïdium. Nous traitons tôt le matin, aux températures fraîches. Quant aux vinifications, elles sont conduites, quelle que soit l’année, en tenant compte de l’équilibre des raisins ». Nadine Gublin considère que, globalement, l’évolution climatique constatée depuis 2003 bénéficie à la Bourgogne : « la Bourgogne n’a jamais produit d’aussi bons pinots noirs que dans la dernière décennie…”

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