Lundi 7 octobre, 14h30. Vosne-Romanée.
Aubert de Villaine, le co-gérant de la Romanée-Conti, bottes au pied, s’engage dans un rang. Sa silhouette longiligne se dessine dans les bas d’un des fleurons du domaine : le grand cru La Tâche. L’équipe de vendangeurs, 70 coupeurs, a repris le chemin des vignes. Elle les avait abandonnées ces trois derniers jours. Depuis vendredi, des pluies orageuses ont joué les troubles fêtes. Un temps favorable au développement de la pourriture grise.
Ces vendanges 2013 sont devenues une course contre le botrytis cinerea. Les vendangeurs progressent en auscultant minutieusement chaque raisin. Une fois la grappe coupée, quelques coups de sécateurs supplémentaires sont nécessaires pour faire tomber les baies atteintes de ce petit duvet grisâtre caractéristique.« C’est le type d’année où l’on voudrait vendanger partout en même temps », constate Aubert de Villaine.
Les Grands Echèzeaux ont été coupés ce matin. La date de récolte de la Romanée-Conti n’est pas encore fixée. « Ce sera mercredi ou jeudi. On veut lui laisser le temps nécessaire ». En milieu de semaine dernière c’est le Montrachet, seigneur des grands crus blancs, qui a été vendangé. « Pour la première fois, nous avons effectué un tri à la vigne comme s’il s’agissait d’un rouge », expose Aubert de Villaine. Les blancs sont généralement moins impactés, qualitativement, par la pourriture. Mais, cette année, le gérant du domaine a estimé nécessaire d’être particulièrement rigoureux aussi avec les chardonnays.
Quel est le pourcentage de raisins atteint de pourriture ? Nicolas Jacob, le chef de culture, peine à répondre. « Parfois juste 5%. Sur d’autres parcelles peut-être 30%, explique le chef de culture. Mais, je m’attendais presque à davantage de travail. Les replantations de plants fins, menées au domaine depuis des années, font la différence ce type de millésime ». Les plants fins sont des sélections de vignes, peu productives, qui donnent de petits raisins bien constitués. A contrario des plants produisant de gros raisins, fragiles, sensibles aux maladies.« Sachant que l’année serait tardive. Nous aussi avons beaucoup travaillé dans les vignes pour que les raisins soient bien aérés », poursuit-il.
De son côté, Aubert de Villaine, prend soin de réaffirmer ses choix vers une viticulture en biodynamie. « Cela nous met dans une situation de vulnérabilité des années comme celle-ci. C’est vrai, mais cela nous permet aussi d’être plus en phase avec le millésime. »
En cuverie, 20 personnes autour de la table peaufinent le tri sous la conduite de Bernard Noblet, le chef de cave. Le niveau d’alcool potentiel se situe autour de 12 degrés. Il faudra chaptaliser un peu. « Pas plus d’un demi-degré», précise Aubert de Villaine.
Juste de quoi donner de l’os à la viande comme disent les éleveurs du Charolais ». Le domaine reste fidèle à des vinifications avec un pourcentage variables de grappe entière (sans éraflage). Ce sera 40 à 50% cette année. En 2009, millésime précoce et solaire, c’était 100%.
A quel niveau qualitatif va se positionner ce millésime exigeant ? Difficile de se prononcer. Aubert de Villaine reste serein et optimiste. « Les acidités ont baissés avec la pluie. Les équilibres sont bons. La couleur semble bien se détacher. Les moûts sont aromatiques, sains, très purs », constate-t-il.
Une année qui récompense généralement les vignerons les plus rigoureux et les plus proches de leur vignoble. La Romanée-Conti a mis tous les atouts de son côté pour être exemplaire, parmi ceux-là.
Photo : Aubert de Villaine dans La Tâche, ce 7 octobre 2013. (JC Cuvelier)
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