Les soucis techniques conjoncturels de connexion étant résolus (au moins pour un temps…), voici donc la suite du dossier “25 ans” paru dans le numéro 149 de Bourgogne Aujourd’hui. Un focus aujourd’hui sur la spectaculaire progression de la viticulture bio.
Le numéro 152 du magazine sera mis en ligne dès la fin de semaine prochaine. Il comprendra des guides d’achat sur les Chambolle-Musigny, les Santenay, les Maranges, un dossier sur les “fondamentaux de la Bourgogne”, un article sur le domaine “culte” Coche-Dury (Meursault), ainsi qu’un cahier d’une trentaine de pages sur le Beaujolais avec notamment un guide d’achat des magnifiques crus 2018 et une dégustation verticale du Morgon Côte du Py de Jean-Marc Burgaud. Abonnez-vous !
Dans les années 1960-1970, quelques vignerons “pionniers” avaient décidé de
travailler la terre et de cultiver leurs vignes sans aucun produit chimique,
afin d’offrir des vins exempts de résidus nocifs. Chacun, dans sa région de
production, avec parfois le soutien de quelques personnalités du monde
scientifique, s’était investi dans cette voie difficile, mais avec la
conviction qu’une nouvelle viticulture était possible. À cette époque, les pouvoirs publics se
désintéressaient totalement de ce type de production. C’est seulement à partir
de la loi d’orientation agricole du 4 juillet 1980 que l’on a vu
apparaître l’idée « d’une agriculture n’utilisant pas de produits
chimiques de synthèse, tant dans les fumures que dans les traitements pour la
protection de la plante ». L’agriculture et la viticulture biologiques et
biodynamiques étaient enfin reconnues.
En 2019, 318 exploitations
bourguignonnes, cultivant 2 437 hectares (sur un peu plus de 29 000 au total en Bourgogne), sont en agriculture biologique,
ce qui représente près de 17 % de la surface totale du vignoble en Côte-d’Or, 4 % en
Saône-et-Loire et 6 % dans l’Yonne. Il existe donc encore une forte marge
de progression. Bien sûr, la viticulture biologique nécessite davantage de main-d’oeuvre, plus de travail,
et elle engendre également plus de frais, mais l’augmentation régulière des
prix des vins a permis à de nombreuses exploitations de franchir le pas.
Jusqu’au 1er août 2012, seuls les raisins étaient certifiés « issus de
l’agriculture biologique » ; mais depuis cette date, un règlement
européen a fixé de nouvelles normes pour que la vinification puisse également
être certifiée, afin d’obtenir la mention « vin biologique ». À la lecture de ce texte, on
découvre que la vinification des vins biologiques peut recourir à une
quarantaine d’additifs et d’auxiliaires oenologiques, d’origine biologique ou
non : gomme arabique, dioxyde de silicium, citrate de cuivre, copeaux de
bois, plusieurs sortes de gaz, de levures et d’enzymes, la résine de pin
d’Alep, etc. (Annexe I A du règlement CE n° 606/20091). Dans le pire
des cas, on pourrait donc trouver sous le logo
européen, un vin levuré, enzymé, avec une addition de phosphate diammonique ou
de sulfate d’ammonium, centrifugé, enrichi, électrodyalisé et élevé grâce à
l’utilisation de morceaux de bois de chêne, plus quelques autres béquilles
oenologiques. Heureusement, certaines de ces pratiques sont totalement
interdites par les décrets d’appellation des vins de Bourgogne et l’on peut espérer
que les vignerons n’auront pas, en agriculture biologique, nécessairement
recours à ces artifices oenologiques. D’ailleurs, les vins certifiés en
biodynamie n’ont droit qu’à une vingtaine de ces auxiliaires oenologiques.
Finalement, seule la catégorie, non homologuée à ce jour, des vins dits
« naturels », qui rejette tous ces adjuvants, pourra peut-être à
l’avenir constituer un « vin bio » au sens le plus strict du terme.
La notion de « vin bio » recèle donc encore quelques ambiguïtés. On
peut espérer qu’à l’avenir, l’exigence des vignerons et la vigilance des
consommateurs seront de nature à faire progresser la viticulture et la qualité
des vins biologiques.
Gilles Trimaille
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