Tout au sud de la Bourgogne, dans le Mâconnais (71) vous
trouverez l’appellation viré-clessé. Au coeur de cette AOC, le hameau de
Quintaine bénéficie de condition de production très particulières : un sol
marneux, les brouillards de la Saône qui peuvent grimper sur les coteaux dès le
mois de septembre favorisant ainsi le développement du botrytis, une génétique
de chardonnay particulière avec notamment un peu de raisins muscatés dans les
vieilles vignes et surtout une culture vigneronne locale qui veut que l’on a pas
oublié que pour produire de grands vins blancs à partir du cépage chardonnay,
il fallait récolter des raisins bien mûrs. Logique… Bref, quand l’heure de la vendange
a sonné, les vignerons du coin n’ont pas
pour habitude de s’éloigner ne serait-ce que 2 ou 3 jours. Ils surveillent les
raisins comme le lait sur le feu. « On constate que les raisins commencent
d’avoir du goût à partir de 12.5, 13 degrés. Après, c’est vrai que nos terroirs
sont un peu fous ; cela peut même exploser assez vite. En 2003, les raisins
ont pris 4 degrés en 10 jours et en 2006 les 4 degrés sont arrivés en moins
d’une semaine », explique Jean-Pierre Michel, vigneron installé à son
compte en 2004 et devenu en une dizaine d’années seulement une grande référence de la région.
Des terroirs « fous », mais pas ingrats dans la mesure
où chez les vignerons de pointe comme Jean-Pierre Michel, les raisins
présentent des richesses souvent importantes et des équilibres qui rappellent
ce qu’étaient les vins blancs de Bourgogne il y a quelques décennies quand
la météo était favorable : 13 à 14 degrés naturels (parfois plus…) en bouteille
et quelques grammes de sucres résiduels (3 à 10 en moyenne hors millésimes
exceptionnels) sans que cela soit l’objectif recherché. « Quand vous
vendangez des raisins bien mûrs et que vous n’ajoutez pas de levures pour aider
la fermentation alcoolique et bien il peut rester un peu de sucre »,
explique Jean-Michel. « Un peu de sucre » et alors ! Le travail
fait dans les vignes (proche du bio) et en cuverie permet de conserver beaucoup
de fraîcheur dans des vins qui n’ont pas une once de lourdeur, mais offre un
incomparable plaisir de dégustation. Bref, les viré-clessé* Quintaine et Sur le
Chène de Jean-Pierre Michel sont une véritable « tuerie » et pour ne
rien gâcher ils vieillissent comme des grands crus.
Christophe Tupinier
*Sur les
millésimes récents, les viré-clessé de Jean-Pierre Michel coûtent de 15 à 18,50
euros TTC départ-cave la bouteille. Tél. 03 85 23 04 82.
Retrouvez ci-dessous l’intégrale
des viré-clessé de Jean-Pierre Michel, depuis ses début en 2004. Ses 2012 sont présentés dans le numéro 121 de Bourgogne Aujourd’hui.
Viré-clessé Terroir de Quintaine 2011 – 16
Cette cuvée représente la production de 5 hectares environ. La vinification et l’élevage se font en cuves. 2011 est
un millésime tout en rondeur et ce vin exprime des notes « solaires »
de fruits jaunes. En bouche, le vin est très accessible, gourmand, enrobé,
doux, tout en conservant un bon équilibre.
Viré-clessé
Sur le Chêne 2011 – 17 sur 20
Ce vin
ne compte que 3 grammes de sucres résiduels et il est donc quasiment « sec ».
Bouche très riche, pleine, avec également beaucoup de fraicheur, de précision
aromatique.
Viré-clessé cuvée Mademoiselle 2011 – 15Vendange le 4 octobre à plus de 15 degrés naturels, “sans le moindre grain de botrytis”, précise Jean-Pierre Michel et 10 grammes de sucres résiduels. On change de registre avec ce vin riche, parfumé, mais qui étonnement n’a pas tout à fait la chair des deux autres cuvées.
Viré-clessé
Sur le Chêne 2010 – 19 sur 20
« C’est
un millésime de rêve. Les raisins titraient… 16 degrés à la récolte, avec de
belles acidités et le vin a conservé 12 grammes de sucres résiduels »,
explique le vigneron. Arômes presque rôtis, fins qui évoquent un vin liquoreux.
Le vin est monumental de richesse, et sans la moindre lourdeur. On peut même
parler d’une finale saline, minérale. Magique !
Viré-clessé
Terroir de Quintaine 2010 – 18 sur 20
Arômes
« ensoleillés », parfumés, d’épices, de tarte à la mirabelle… La
texture est gourmande à souhait, riche, avec à la fois beaucoup de douceur et
un côté croquant, juteux.
Viré-clessé
Terroir de Quintaine 2009 – 17 sur 20
Comme en
2010, les maturités étaient très élevées en 2009, mais sans la même fraicheur
aromatique. Résultat, le vin a un style crémeux, enrobé, gourmand, avec de
beaux arômes de crème catalane, de pêches jaunes… On se régale, l’ensemble
conserve de la finesse, mais sans l’énergie du 2010. Une belle bouteille à
déguster aujourd’hui.
Viré-clessé
Sur le Chêne 2009 – 16,5 sur 20
En 2009,
Jean-Pierre Micherl utilisait encore beaucoup de fût de chêne de 228 litres et
le boisé est un peu marqué. « Je suis passé depuis à des contenants plus
gros, de 400 litres, justement pour moins boiser les vins », explique le
vigneron. Un peu de boisé, mais cela va se fondre avec le temps, d’autant plus
facilement que le vin ne manque pas de richesse, ni de gourmandise.
Viré-clessé
Terroir de Quintaine 2008 – 17,5 sur 20
13,5
degrés naturels, 6 grammes de sucres résiduels et beaucoup de tonus… Arômes
frais et riches d’agrumes confits, de tarte au citron, de marmelade d’oranges…
En bouche, le vin allie la sucrosité, un fruité charnu, à un côté salin, pur et
droit. Un viré-clessé très « nature ».
Viré-clessé
Sur le Chêne 2008 – 15,5 sur 20
La
remarque est un peu la même que pour le 2009, à savoir des notes boisées à
notre goût un peu trop présentes dans des notes de caramel, de vanillé… Cela,
reste néanmoins une belle bouteille, avec de la pureté, et un fruité agréable
sur des notes d’agrumes confits.
Viré-clessé
Terroir de Quintaine 2007 – 16,5 sur 20
2007 est
l’archétype du millésime où ceux qui se sont empressés de vendanger se sont trompés.
Le 5 septembre, les raisins n’étaient pas mûrs. Le 15, ils titraient 14 degrés
dans les vignes de Jean-Pierre Michel et évidemment, cela fait toute la
différence. Robe dorée. Arômes fins de fruits jaunes, de noisette grillée. Le
vin n’a pas la consistance des grandes années, mais il offre un fruité très
agréable, frais, sapide, pur, le tout dans un style très élancé, délicat.
Viré-clessé
Sur le Chêne 2007 – 15 sur 20
Belle
robe dorée. Arômes doux de sucre d’orge, de caramel… En bouche, le vin n’a pas
l’éclat du Quintaine et se livre dans un registre « aérien »,
gourmand, suave, crémeux et charmeur.
Viré-clessé
Terroir de Quintaine 2006 – 19 sur 20
Le
hameau de Quintaine abrite donc des terroirs un peu particuliers qui ont donné
libre cours à leur « folie » en septembre 2006. On a dépassé les 20
degrés naturels, le tout avec des raisins très sains. Cette cuvée Quintaine
titrait à la mise en bouteille près de 15 degrés, avec… 70 grammes de sucres
résiduels. La robe du vin est d’un doré parfait, brillant, vif. Au nez, des arômes
intenses et fins de fruits confits, de fruits jaunes, d’épices. En bouche, on
sent bien que l’on est face à un vin riche, puissant, mais les 70 grammes de
sucre ne se sentent pas. C’est onctueux, charnu, plein, mais aussi très fin,
presque salin. Sucré-salé…
Viré-clessé
Terroir de Quintaine 2005 – 16 sur 20
Robe
très jeune, dorée. Arômes riches, dense, mûrs, mais encore peu expressif. En
bouche, on sent un peu le manque d’eau de l’année. On a un vin très concentré,
profond, jeune, mais presque tannique, encore ferme. Le potentiel est là,
impressionnant, mais il va demander encore quelques années pour se mettre en
place.
Viré-clessé
Sur le Chêne 2005 – 17 sur 20
2005 est
un millésime de sécheresse et le chardonnay a sans doute un peu manqué d’eau.
Sur cette cuvée, l’élevage en fût de chêne a donc eu le mérite d’arrondir la
texture, de lui apporter du gras et un surcroit de complexité aromatique sans
dénaturer le vin. Le vin est dense, charnu, croquant, avec un côté éclatant,
très agréable à déguster aujourd’hui.
Viré-clessé
Terroir de Quintaine 2004 – 15 sur 20
Comme
pour la cuvée Sur le Chêne, le tri a été la clef en 2004. Le vin a bien évolué,
avec un fruité croquant, agréable, une touche végétale, mais fine et discrète.
Viré-clessé
Sur le Chêne 2004 – 16 sur 20
Pour sa
première vendange, Jean-Pierre Michel a du affronter une pression importante d’oïdium.
« Alors nous avons trié et encore trié à la vendange les raisins
abimés », explique-t-il. Coup d’essai, coup de maitre, avec un vin blanc d’un
niveau rarement rencontré en Bourgogne en 2004. L’élevage en fûts de chêne a
joué son rôle à la fois « nourricier » et « d’affineur ».
Arômes frais (jeunes…), délicat, fruités, épicés, avec une note végétale noble
de fougère et de tilleul. Le vin est aérien, croquant, tonique et élégant.
06 décembre 2024
20 novembre 2024
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