“Dormance 554″… Cela pourrait être le nom d’un livre ou d’un film décrivant un univers futuriste, mais pas du tout ! C’est au contraire le nom d’une cuvée dont il nous faut raconter l’histoire. Le 10 avril 2016, il y a donc 554 jours très exactement, une partie de l’énigme est déjà levée, les vignerons des crus Brouilly et Côte de Brouilly (auxquels Beaujolais Aujourd’hui consacre un dossier complet dans son dernier numéro), dans le Beaujolais, ont décidé d’enterrer au sommet du Mont-Brouilly (440 mètres d’altitude), ou plutôt de “mettre en dormance” (suite et fin de l’énigme) 3 pièces de 228 litres de vins du millésime 2015 : 2 pièces de Brouilly produites par le Château de Pierreux (maison Mommessin) et les Vignerons de Bel-Air et une pièce de Côte de Brouilly baptisée “Les 4 vignerons”, en référence aux 4 domaines qui ont unis leurs efforts pour la produire : Franck Tavian, Patrice Monternier, Michel Aubry et Pascal Benoît (domaine du Père Benoît).
Derrière les faits “bruts”, il y a tout d’abord une évidente opération de communication dont d’ailleurs les vignerons ne se cachaient pas. “Ce réveil des fûts mis en dormance est aussi le réveil du Mont-Brouilly qui depuis son aménagement paysager attire des populations très différentes : les vignerons et les amateurs de vins bien sûr, mais aussi les artistes, les randonneurs, les cyclistes ou encore les géologues”, a ainsi expliqué Claude-Edouard Geoffray (Château Thivin), président de l’ODG des 2 crus, devant une foule compacte et conquise. Nous vous recommandons d’ailleurs chaudement une montée au belvédère du Mont-Brouilly lors de votre prochaine visite dans la région ; la vue y est fantastique !
Mais derrière toute opération de communication, il y a toujours une idée de départ, un déclic, que l’on peut situer pour celle qui nous intéresse ici, lors d’une soirée “festive” au cours de laquelle quelques amis vignerons ont lancé l’idée. “L’un de nous a lu un article sur ces peuples nomades d’Asie Mineure qui, dans la lointaine antiquité, faisaient leur vin, l’enterraient dans des jarres, partaient faire leur périple et revenait déterrer les jarres. Les enfouir était donc un moyen de conservation. Alors nous avons voulu savoir ce qu’un élevage long en fût de chêne sous deux mètres de terre pouvait apporter à nos vins. Le tout dans le contexte du Mont-Brouilly qui 1 000 à 1 500 ans avant J.C. abritait des sorciers, qui auraient notamment été attirés par le magnétisme du lieu”, explique Jean-Baptiste Bacheviller, vinificateur des vins du Château de Pierreux.
Un discours qu’il convient de relier à “l’expérimentation technique”, à ses possibles implications… et à la foule impressionnante venue assister dans un silence religieux au “réveil” de ces trois fûts de vins du Beaujolais. La dégustation comparative* a démontré que le premier enseignement à tirer de cette journée était que les vins ayant passé 18 mois sous terre avaient pris des… notes boisées, liées logiquement à un élevage long de 18 mois en fûts ; de belles notes boisées d’ailleurs, bien intégrées aux trois vins, apportant clairement à ces derniers une dimension supplémentaire. Sur ce plan l’expérience est donc concluante. Pour autant, tout le monde comprendra aisément que la perspective de voire demain des milliers de fûts de chêne enterrés sous terre par de grandes maisons de négoce, coopératives ou domaines est assez faible. Comment expliquer alors que plus de 300 personnes se soient ainsi déplacées sous un soleil estival, jusqu’aux maires des communes environnantes drapés de leurs belles écharpes tricolores et au député-maire de Villefranche-sur-Saône ? Ceci nous échappe un peu, mais il est tout simplement probable que dans un monde ou le rationnel dicte tellement sa loi au quotidien, un peu d’irrationnel fait finalement beaucoup de bien à tout le monde…Précisons enfin que les vins seront vendus par les différentes entreprises au prix de 50 € la bouteille. Les bénéfices iront aux enfants hospitalisés via le Rotary Club de Belleville-sur-Saône.Christophe Tupinier
* La plus grosse partie des 3 cuvées a été embouteillée au mois d’avril 2016 après des élevages différents : en vieux foudres de plus de 50 ans pour le Brouilly du Château de Pierreux, essentiellement en cuves pour le Brouilly des Vignerons de Bel-Air et le Côte de Brouilly des 4 vignerons. Le “solde” de chaque cuvée a donc passé ensuite 18 mois sous terre dans 3 fûts de chêne de 2 et 3 vins. Nous avons donc dégusté d’une part des vins élevés 8 mois environ (vendanges très précoces en 2015 dès la fin août) avec peu ou pas de bois et d’autre part, des vins élevés 26 mois, dont 18 sous-bois. Difficile dans ces conditions de faire la comparaison…
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