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publié le 15 janvier 2024

Saint-Vincent Tournante 2024, le compte à rebours est lancé !

Myriam Huélin, vigneronne à Chambolle-Musigny

et Laurent Lignier, vigneron à Morey-Saint-Denis.

 

 

Le dossier “actualité” du numéro 173 de Bourgogne Aujourd’hui actuellement en vente sur notre site et chez les marchands de journaux est consacré à la prochaine Saint-Vincent Tournante de Morey-Saint-Denis et Chambolle-Musigny, programmée les 27 et 28 janvier prochains, au cœur de la Côte de Nuits. Retrouvez ci-dessous les meilleurs passages de notre “Rencontre” ‘avec les présidents du comité d’organisation.

Ils reviennent sur les spécificités et les enjeux de cette SVT 2024, Mais aussi sur les joies et les difficultés liées à l’organisation de cette fête historique du vin qui peut sembler bien désuète de nos jours, mais qui rencontre pourtant toujours, année après année, le même succès populaire. Vous retrouverez d’autres informations sur la SVT 2024 sur ce site jusqu’au Jour J…

 

 

La Saint-Vincent Tournante 2024 aura lieu dans vos deux villages les 27 et 28 janvier 2024. Vous avez choisi le thème « Les Arts et le Vin ». Pour quelle raison ?

Laurent Lignier : J’ai le souvenir des premières réunions à Morey avec quinze-vingt bonnes volontés autour de la table et le besoin de trouver un thème est vite apparu évident. Chacun a donné des idées et le thème des arts et du vin est vite sorti du lot. Il y a sans doute un côté artiste dans le métier de vigneron, dans l’élaboration d’un vin qui comporte une part de créativité. J’ai trouvé que cela convenait bien à nos deux villages. Tous les arts ont été conviés à la fête et chaque quartier portera son thème : peinture, littérature, sculpture, musique, etc. Nous allons également beaucoup insister sur l’animation dans les villages et entre les villages pour encourager les visiteurs à faire le petit kilomètre qui sépare Morey et Chambolle par la route des grands crus.

 

On prétend en Bourgogne qu’il y a parfois des rivalités entre clochers voisins, mais pas trop en ce qui vous concerne…

LL : Non, il y a même déjà eu des mariages (rires) ! Alors bon, j’ai quand même le souvenir gamin de m’être fait arrêter par deux ou trois « caïds » qui voulaient nous empêcher de monter à vélo dans la combe de Chambolle-Musigny, mais cela n’allait jamais bien loin. Un ancien maire de Chambolle était opposé à un rapprochement entre Morey et Chambolle ; il affirmait même qu’il fallait garder son identité, mais on est plus fort à plusieurs. Morey, c’est un peu moins de 700 habitants, Chambolle à peine 300. Il y a une cinquantaine de vignerons, 35 à Morey, une quinzaine à Chambolle. Nous ne sommes donc pas très nombreux. 70 000 personnes sont attendues pendant les deux jours et les répartir sur les deux villages va rendre les déplacements plus faciles, plus fluides.

 

Est-il toujours facile de nos jours de trouver des personnes prêtes à s’investir bénévolement dans une SVT sans en avoir grand-chose à attendre, si ce n’est éventuellement des critiques ?

Myriam Huélin : Oui, cela s’est fait progressivement avec un noyau dur au départ, qui a continué d’avancer et sur lequel des personnes sont venues s’agréger au fur et à mesure. Ceci étant, nous espérons encore une forte mobilisation de bénévoles pour les deux jours.

LL : Nous sommes 200 vraiment actifs dans l’organisation de l’évènement, avec près de 100 personnes pour la seule commission décoration. Ce n’est pas si mal pour deux petits villages, même si certains viennent de l’extérieur comme moi, j’habite à Nuits-Saint-Georges… (rires)

 

Comment expliquez-vous que cette manifestation créée en 1938 qui pourrait sembler un peu désuète à notre époque des réseaux sociaux, de l’éphémère, continue d’attirer autant de monde ?

En cœur : C’est d’abord le vin !

 

Pas seulement. Beaucoup de gens suivent le samedi matin tôt la procession des Saints au milieu des vignes et pas uniquement des vignerons ou leurs familles. On voit aussi des Belges, des Suisses, des Parisiens, des Lyonnais…

LL : Cela rassemble toute la Bourgogne, de Chablis à Mâcon, une fois dans l’année et c’est une fête ancienne liée aux Chevaliers du Tastevin, au Clos-de-Vougeot, à laquelle les gens sont attachés. Tout cela crée une dynamique forte, symbolique, historique et rassembleuse. Je trouve que c’est bien dans notre période marquée comme vous le dites par l’éphémère, par l’individualisme, les conflits… On retrouve des valeurs humaines profondes. Cela nous rappelle à nous vignerons d’où nous venons et ces vieilles photos de SVT où l’on reconnaît nos pères, nos grands-pères, sont émouvantes. Tout cela donne envie de renouveler cette fête et de ne surtout pas la perdre.

 

La SVT est une fête populaire, alors que, pardon, mais c’est une réalité, dans beaucoup de domaines de Chambolle et de Morey notamment, on ne parle plus aujourd’hui que d’excellence. Il y a même parfois une forme de suffisance, voire de mépris chez certains, pas chez tout le monde, qui considèrent que leurs vins sont réservés à une élite et de préférence anglo-saxonne ou asiatique. N’y a-t-il pas une forme de contradiction derrière tout cela ?

MH : Justement, le but est de faire déguster tous ces vins « d’élite » entre guillemets, pour que tout le monde puisse y accéder au moins sur ce week-end de cette SVT.

LL : Nos vins sont recherchés et chers, c’est évident, mais nous n’avons pas du tout abordé l’organisation de cette SVT sous l’angle de villages qui se sentiraient supérieurs aux autres, d’appellation et de vins « d’élite » comme vous dites. Nous avions juste envie de construire quelque chose ensemble, de fédérer, parce que je vois bien que les gens sont beaucoup plus individualistes qu’il y a vingt ou trente ans. Chacun vend ses propres bouteilles, voyage beaucoup, alors qu’avant il y avait du temps pour l’entraide, pour aider un collègue à arracher sa vigne, on se passait du matériel, ce qui devient de plus en plus rare. Il y avait des coopératives, comme à Morey et elle a fini par être dissoute le 31 décembre 1995. Je vois beaucoup de vignerons qui ne viennent pas à l’assemblée générale de fin d’année de l’ODG. Parfois ils ne prennent même pas la peine de répondre à l’invitation et cette suffisance me fait mal au cœur. Notre SVT a néanmoins beaucoup de points positifs sur la vie, la cohésion de nos villages. Certains vignerons qui au début ne voulaient pas entendre parler de la SVT ont pris le train en route. Finalement, certains sont venus à quelques réunions, ils ont donné des raisins, des bouteilles, ils vont prêter leurs cours pour faire un caveau, une décoration. Tous ne sont pas très actifs, mais il y a du progrès…

 

Hier Gevrey-Chambertin, Puligny-Montrachet, cette année Morey-Chambolle, et d’autres grands noms de la côte organiseront d’autres SVT dans un avenir proche. Les vins se vendent très bien dans vos appellations, alors qu’attendez-vous de cette SVT ?

LL : Je vois beaucoup cela comme une forme de transmission aux générations futures, avec des caveaux enfants, une attention particulière portée à l’accueil des familles, ou encore notre charte environnementale. J’espère que cela sera très festif, qu’il fera bon, que les familles pourront venir, que notre SVT 2024 sera un exemple pour les prochaines éditions et que les jeunes qui organiseront la prochaine SVT dans nos villages, dans trente ou quarante ans, se souviendront de l’édition 2024.

 

Vous avez souhaité que la SVT 2024 soit éco-responsable. Pourquoi et en quoi cela consiste-t-il concrètement ?

Jérôme Castagnier : Je pense que tout le monde a conscience de la nécessité d’avoir un comportement le plus respectueux possible de l’environnement, avec la volonté d’agir concrètement, tout de suite, et là encore, le souhait de transmettre des valeurs aux générations futures. J’ajoute qu’une SVT n’avait encore jamais été écoresponsable. Quarante critères ont été définis dans une charte et il faudra en valider trente et un pour que nous réussissions notre pari. Cela passe par des moyens de locomotion électrique, la mise en place de toilettes sèches, une « brigade verte » de jeunes chargés de ramasser les déchets. La plupart des choses qui seront vendues (goodies, bonnets, t-shirts, parapluies…) ont été produites en matériaux écoresponsables et recyclables.

MH : Tous nos achats ont été effectués dans ce sens.

JC : Nous avons également privilégié les filières courtes, locales. Des parkings vont être mis en place pour faciliter le co-voiturage, il y aura des espaces dédiés aux vélos avec la possibilité de les accrocher…

JC : Pour Noël, la ville de Dijon fait un grand sapin place de la Libération en assemblant des petits sapins. Et bien nous allons les récupérer pour les mettre dans nos rues et les garnir de fleurs de décorations.

MH : Nous réfléchissons également à l’après, que faire de nos déchets ? Comment les récupérer, les transporter, les recycler ?

JC : Ajoutons que nous avons souhaité que notre SVT soit facilement accessible aux personnes handicapées. Un parking leur sera dédié et des voiturettes électriques vont les véhiculer dans les villages… C’est important qu’elles puissent faire la fête comme tout le monde. Je trouve que c’est une belle valeur de notre SVT.

MH : Nous avons également songé aux jeunes avec des « caveaux enfants », deux à Morey et un à Chambolle, où il y aura des concours de dessins, des activités ludiques… Il faut qu’ils aient toute leur place et même s’ils ne dégustent évidemment pas de vins, ils pourront participer à la fête d’une autre façon.

 

L’affiche a été réalisée par la graphiste Camille Garnier à qui l’on doit déjà l’affiche de Vézelay en 2019. Elle est à mon sens très réussie, très moderne dans son design, objectivement moins « religieuse », moins classique que ce que l’on trouve souvent dans les SVT. Pourquoi avoir fait ce choix ?

LL : Nous avions donné quelques critères à une vingtaine d’artistes qui sont venus présenter leur travail. Des critères simples : parler des deux villages, du thème des arts et du vin… Huit affiches ont été retenues après un premier vote et lors du deuxième vote final par une quarantaine de bénévoles, Camille Garnier l’a emporté haut la main. C’est une belle affiche avec des couleurs qui ressortent, une mise en valeur de nos villages, des clochers, de la route des grands crus, du vin, des vignes. Les deux Saints se tournent le dos, mais ils sont joyeux et le design en effet assez moderne, simple, très lisible, aux couleurs harmonieuses, délivre tous les messages de notre SVT.

 

Propos recueillis par Christophe Tupinier

Photographies : Thierry Gaudillère

 

 

Un peu d’histoire

Les précédentes Saint-Vincent Tournante ont eu lieu à Chambolle-Musigny en 1938 (la première dans l’histoire), 1979 et 2003 et à Morey-Saint-Denis en 1973 et 1958.

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