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publié le 01 février 2020

AOC bourgogne : l’Inao dépasse les limites !

 

Vous voyez l’appellation régionale bourgogne ? Vous ne la
voyez plus. Ou comment défaire ce que l’on a fait quelques années plus tôt, tout
en mettant, du même coup, le feu au vignoble de Bourgogne. L’Institut national
des appellations d’origine (Inao) vient de réussir la prouesse en moins de
temps qu’il n’en faut pour le dire. Drôle de tour de passe-passe.

Son projet : rayer de la carte de l’appellation
bourgogne 64 communes viticoles de l’Yonne, de Côte-d’Or et de Saône-et-Loire
tout en continuant de donner la possibilité à 43 communes du Beaujolais d’en
produire. Dans les 3 départements bourguignons concernés, 7 000 hectares dont 5 500 plantés -le vignoble bourguignon compte 30 000 ha environ- sont concernés.

L’histoire débute en 1937 avec la naissance des
appellations contrôlées. En Bourgogne, les délimitations de l’appellation bourgogne
ne sont pas faites. Elles devaient l’être en 1938. Elles ne le seront pas et pas partout après la guerre. Ce travail, pour Chablis (89), le Châtillonnais (21) notamment, est
repris au tournant des années 2000. “Ainsi, dans les communes du Châtillonnais (nord de la Côte-d’Or), les
vignerons peuvent produire des vins d’appellation régionale bourgogne depuis le
milieu des années quatre-vingt, ce que confirme la délimitation de la fin des
années 2000″, explique Ghislain Brigand, vigneron à Massingy (21). Son domaine
est concerné par le projet de l’Inao : “L’impact sera fort. Notre
domaine produit des bourgognes en vins tranquilles. Les clients viennent pour ces vins et pour notre
crémant de Bourgogne”. A la clé une attractivité moindre pour des vins déchus
de leur appellation, des prix à la bouteille revus à la baisse ; de bourgogne,
ils pourraient en effet devenir “simples” coteaux bourguignons.

“Comment, l’Inao peut dire, à un moment, oui, ces
vins sont des bourgognes et quelques années plus tard dire, non, ce ne sont plus des bourgognes ? Comment des vins dont
les critères pour être appellation d’origine contrôlée (AOC) ont été reconnus
par l’Inao passent à la trappe par un projet de ce même Inao ? C’est
incompréhensible. Où est la notion d’appellation ? Le O de Inao signifie bien
origine”, ne décolère pas Bruno Verret, le président du syndicat des bourgognes
et vigneron à Saint-Bris-le-Vineux (89), dont les chablis qu’il produit ne
pourraient plus se replier en appellation bourgogne. Et de poser la
question : “Chablis n’est plus en Bourgogne ?”
Mais ce que les vignerons bourguignons ne comprennent
pas, c’est la volonté de l’Inao de permettre, dans le même temps, à 43 communes du Beaujolais de continuer à produire du bourgogne. Selon eux,
la notion d’AOC est bafouée, remise en cause : supprimer des bourgognes en
Bourgogne pour les autoriser en Beaujolais. “Une région différente, des
terroirs différents, une histoire différente. Quelle est la logique ?”, demandent les Bourguignons, même s’il convient quand même de rappeler que le décret d’appellation de l’AOC bourgogne datant de 1937 (basé sur un jugement de 1930 du Tribunal de Dijon) définissait alors comme zone de production les départements (en intégralité, ce qui n’est plus le cas…) de l’Yonne, de Côte-d’Or, de Saône et Loire, ainsi que l’arrondissement de Villefranche-sur-Saône, cette partie nord du département du Rhône qui comprend l’essentiel du vignoble du Beaujolais ; il est vrai également que depuis cette date, aucune délimitation précise des parcelles n’a été faite dans le Beaujolais…Les vignerons bourguignons voient également un risque potentiel de de déstabilisation du marché de l’appellation
régionale bourgogne si la production beaujolaise de bourgogne rouge et surtout blanc (quelques centaines d’hectares aujourd’hui) venaient à augmenter fortement dans l’avenir. L’enjeu est aussi
économique. De nombreux vignerons ont investi, planté des vignes pour produire
du bourgogne, notamment autour de Dijon, la capitale régionale.

Les vignerons dénoncent le non-débat. “Le comité
national de l’Inao ne nous écoute pas. Nous ne ressentons aucune volonté de concertation
et de dialogue”. Ils exprimeront leur colère ce jeudi 6 février à Montreuil,
devant le bâtiment de l’Inao où le même jour devait être examiné le projet… qui a été retiré de l’ordre du jour.Thierry Gaudillère

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