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publié le 25 octobre 2023

Beaujolais : Fleurie en pôle pour les premiers crus !

Le lieu-dit Grille Midi postule au rang de Fleurie premier cru. Au loin, le village de Chiroubles.

 

Le numéro 173 de Bourgogne Aujourd’hui est actuellement en vente et le dossier du cahier “Beaujolais” est  consacré à la demande de premiers crus que l’appellation Fleurie s’apprête à faire auprès de l’INAO. Retrouvez ci-dessous notre introduction générale à ce dossier qui comprend également un long article sur l’histoire de Fleurie et  une présentation détaillée des sept lieux-dits candidats au rang de premiers crus.

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Balayons d’entrée les doutes que quelques esprits chagrins, les mêmes que ceux qui sont restés bloqués à l’époque des beaujolais nouveaux au goût de banane, ne vont pas manquer d’avoir. « Mais enfin, des premiers crus à Fleurie ! Le Beaujolais mérite-t-il vraiment d’avoir des premiers crus ? » Nous répondons oui, vraiment, pour son histoire viticole ancienne, pour ces anciens tarifs de l’Entre-deux-guerres dans lesquels les maisons de négoce vendaient des crus du Beaujolais (Moulin-à-Vent en tête, mais pas seulement) aux prix de belles appellations bourguignonnes, pour cette symbiose finalement unique au monde entre le gamay et une région (on produit de beaux gamays ailleurs mais pas du niveau des plus grands vins du Beaujolais), pour la qualité intrinsèque de ses meilleures cuvées et leur potentiel de garde digne de grands crus de Bourgogne, oui et encore oui, le Beaujolais mérite des premiers crus. C’est vrai pour Fleurie, le cru qui va donc essuyer les plâtres en déposant prochainement dans les bureaux de l’INAO, à Mâcon, le premier dossier de demande de premiers crus dans le Beaujolais, mais c’est tout aussi vrai pour les crus qui vont probablement suivre et sans doute dès l’année prochaine : Brouilly et Côte de Brouilly (dossier commun), Moulin-à-Vent et Juliénas.

 

Faire reconnaître des terroirs à la réputation ancienne

 

Ce dossier, dont la genèse est expliquée en pages suivantes, repose sur la simple volonté légitime des vignerons de Fleurie d’obtenir la reconnaissance officielle qu’il mérite. « Nous voulons faire reconnaître nos terroirs dont la réputation est très ancienne et les valoriser, parce qu’ils le méritent. C’est en outre une démarche structurante entre les vignerons qui se sont rencontrés, qui ont échangé, qui ont réfléchi ensemble sur des sujets positifs, sur ce qu’il allait falloir faire dans les vignes, en cuverie, pour magnifier le potentiel de ces lieux-dits. Il y a eu beaucoup de questions, de contradictions, des oppositions, mais surtout un intérêt largement partagé à avancer et d’ailleurs le projet de cahier des charges a été voté à 85 % en mars dernier lors de l’assemblée générale du cru », explique Sylvain Paturaux, président du cru Fleurie au sein de l’ODG collective des dix crus du Beaujolais.

Sept lieux-dits ont donc été finalement retenus sur les quarante-huit répertoriés dans l’AOC : La Chapelle des Bois, Les Garants, Grille-Midi, La Madone, Les Moriers, Poncié, La Roilette. Ce sont des noms connus, indiscutables, qui représentent 27 % de la surface totale du cru (786 hectares) ; une proportion classique que l’on retrouve dans beaucoup d’appellations bourguignonnes. Ces « sept » ont été sélectionnés selon plusieurs critères et un total de 54 points : la dégustation (10 points), la valorisation en bouteilles (4 points), la revendication du lieu-dit (10 % pour une revendication chaque année depuis 2014 et 10 autres points pour le pourcentage de la surface du lieu-dit revendiquée) et la littérature, historique (10 points) et contemporaine (10 points).

 

Les attentes de l’INAO pour le cahier des charges

 

En ce qui concerne le cahier des charges, si un socle commun existe pour l’ensemble des dix crus, chaque cru peut décider de faire plus, en sachant, comme l’explique Nathalie Chuzeville, directrice de l’union des crus, que « demander aujourd’hui une appellation ou des premiers crus comporte une dimension environnementale plus forte que dans les années 1980 ou 1990 ; on nous l’a clairement fait savoir à l’INAO ». À Fleurie, vignoble à fortes pentes, on a donc essayé de faire un effort dans ce sens. « Dans les vignes présentant un écartement entre rangs supérieur ou égal à 1,20 m, et pour l’ensemble des vignes plantées après le 1er janvier 2025 quel que soit l’écartement inter-rang, le désherbage chimique intégral du sol est interdit », détaille le cahier des charges, qui contient également des points plus classiques de baisses de rendements (52 hectolitres par hectare au lieu de 56) et de degrés minimums supérieurs (11,5 au lieu de 10,5) en premiers crus.

Le dossier élaboré par Floriane Henry, une jeune titulaire d’un master en droit du vin et des spiritueux, fruit d’une étroite collaboration depuis 2019 entre le cru Fleurie et l’INAO pour répondre au plus près aux attentes de l’institut, sera donc bientôt déposé. Et quand verra-t-on des fleuries premiers crus ? « Un délai d’une dizaine d’années serait raisonnable pour garder les troupes motivées et mobilisées », espère Nathalie Chuzeville.

 

Textes et photographies  : Christophe Tupinier

 

 

 

Repères

Fleurie

Département : Rhône.

Surface en production : 786 hectares (dont un quart environ restructuré en vigne de 1,20 mètre ou plus d’écartement).

100 % vins rouges issus du cépage gamay noir.

48 lieux-dits, dont 7 font l’objet d’une demande de premiers crus (212 hectares environ) : La Chapelle des Bois, Les Garants, Grille-Midi, La Madone, Les Moriers, Poncié, La Roilette.

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