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publié le 19 décembre 2023

A Chablis, les vignerons se préparent

 

Le numéro 174 de Bourgogne Aujourd’hui est en vente sur ce site et il comprend notamment plusieurs guides d’achat : les Bourgognes, les Mâcons et les vins de l’Yonne, Chablis en tête ; retrouvez ci-dessous l’article complet consacré à ces derniers.

 

Prenons garde à ne pas aller trop loin de nos jours dans la métaphore guerrière, mais qui a vécu une nuit de gel aux côtés des vignerons, prend pleinement conscience de la dureté de ces nuits blanches et d’un enjeu qui peut être tout simplement vital pour certains domaines. Personne ne joue sa vie dans ces nuits de gel, mais la vie de son entreprise, parfois, oui… Alors, les deux derniers millésimes ont clairement rempli les caves, à Chablis comme partout en Bourgogne, et certains vignerons décrivent même à propos de 2023 : « des murs de raisins dorés qui évoquent 2000 ». C’est tout le mal que nous pouvons leur souhaiter, nous verrons bien, mais il est également très clair en parcourant le vignoble, que 2021 reste encore bien présent dans les esprits et les vignerons se préparent, en sachant pertinemment que le printemps reviendra vite… « Entre 2003 et 2016, le gel avait disparu de nos coteaux. Tout le monde a baissé la garde sur la protection du vignoble, mais depuis 2016, la menace est quasiment revenue tous les ans. Alors j’ai investi, 100 000 euros, groupe électrogène compris pour protéger 1,5 hectare avec des câbles chauffants, une éolienne qui couvre trois hectares, des bougies, l’aspersion d’eau dans le premier cru L’Homme Mort. Cela représente au total 300 000 euros d’investissements répartis sur ces dernières années et onze des trente hectares du domaine sont désormais protégés. Je voulais pouvoir assurer une production minimum assez importante en cas de coup dur. Avec le gel, on perd de la récolte, c’est une chose, les assurances sont là pour compenser, mais on perd aussi des clients et c’est la double peine », explique Cyril Gautheron, vigneron à Fleys.

 

80-90% de réussite avec le cable chauffant en 2021

 

Et la protection contre le gel, ça marche ! Didier Séguier, directeur de William Fèvre, a pu le constater. « Après le gel de 2003, je me suis dit que remplir les cuves de fioul après chaque nuit de gel ne collait pas à la démarche environnementale que je voulais mettre en place, alors nous nous sommes inspirés de ce qu’avait fait Moët & Chandon en Champagne en installant dès 2004, 2,5 hectares de câbles chauffants dans le grand cru Vaudésir. Après le gel de 2016, nous avons étendu la technique à d’autres vignes. Le câble chauffant est très efficace sur les petits bourgeons d’un à trois centimètres de début de campagne. Il sèche la plante et on sait qu’un bourgeon sec peut résister à des températures très basses. Aujourd’hui, nous protégeons 16 de nos 70 hectares avec les différentes techniques connues. En 2021, j’ai eu 80-90 % de réussite avec le câble, 60-70 % avec l’aspersion et 50 % environ avec les bougies ». Et les installations de câbles chauffants se multiplient dans le vignoble, comme la démarche collective mise en place en premier cru Montée de Tonnerre (lieu-dit Chapelot) par sept vignerons. Ces derniers se sont unis dans une CUMA pour financer la protection de dix hectares qui est progressivement opérationnelle depuis le printemps 2022. Chacun a acheté ses câbles (environ 80 000 euros H.T. de l’hectare) et le transformateur a été financé en commun pour la somme de 230 000 euros H.T, le tout étant amortissable sur 20 ans. La technique a toutefois ses limites, l’éloignement du réseau électrique qui nécessite le recours à des groupes électrogènes et la puissance du réseau ; au moins dans un avenir proche, les nouvelles installations risquent en effet de devoir être couplées à des groupes.

 

Une prime aux meilleurs terroirs…et aux vignerons de pointe

 

Pour en revenir à notre dégustation dont les résultats sont publiés en pages suivantes, rien n’a été épargné aux vignobles de l’Yonne en 2021 ! Le gel, les pluies qui ont suivi et, histoire d’en rajouter une dernière « couche », l’Yonne a subi vers la mi-septembre, juste avant les vendanges, des intempéries plus importantes que dans le sud de la Bourgogne, avec pour principale conséquence une dégradation parfois très rapide de l’état sanitaire des raisins. Le millésime ne restera pas dans les annales et il accorde en blanc une prime évidente aux meilleurs terroirs et… aux vignerons de pointe. Dans les grands crus, premiers crus de Chablis, quelques beaux secteurs de Chablis et des autres vignobles de l’Yonne, les meilleures bouteilles issues de raisins correctement mûrs, présentent aujourd’hui un style élégant, frais, gourmand, très agréable à déguster en prime jeunesse. Ces vins finalement équilibrés évolueront bien.

 

Textes : Christophe Tupinier

Photographie : Thierry Gaudillère

 

 

Repères

Département : Yonne.

Chablis grand cru : 101 hectares (ha).

Chablis premier cru : 772 ha.

Chablis : 3 716 ha.

Petit-Chablis : 1 257 ha.

Bourgogne et Bourgognes identifiés de l’Yonne (rouges et blancs) : 713 ha.

Bourgognes, Coteaux-Bourguignons : 883 ha.

Crémant de Bourgogne : 258 ha.

Irancy : 208 ha.

Saint-Bris : 172 ha.

Vézelay : 78 ha.

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